Au XVIIe siècle, voyageant en Hollande, un Anglais s'étonnait de voir que «les femmes, même du meilleur monde, supportent volontiers de saluer par un baiser une vague connaissance», qu'elles se promenaient sans chaperon et parlaient sans fard. Il en concluait que «le commun des femmes paraissent avoir plus de goût et de plaisir à la lascivité et aux bavardages obscènes que les Anglaises et les Françaises.» Quatre cents ans plus tard, le visiteur des musées hollandais éprouve la même surprise de voir combien, dans les tableaux de l'époque, les femmes apparaissent libres, autonomes socialement autant qu'affectivement. Dans l'Amsterdam des Lumières, où Spinoza allait bientôt définir l'essence de l'homme comme désir et «puissance d'agir», le désir et la puissance des femmes a laissé des traces picturales. Visite guidée.
Bâtisse baroque dont l'excès de rococo choqua la bourgeoisie puritaine à sa construction, le Rijksmuseum est toujours en chantier. Dans l'aile Philips, une trentaine de salles présentent l'essentiel de la collection amstellodamoise. Passé les fresques coloniales et militaires, la Hollandaise du XVIIe s'y impose comme un motif majeur, saisie de façon quasi photographique dans sa vie quotidienne. Hegel fut le premier à analyser la peinture hollandaise comme désir de la bourgeoisie locale de se représenter d'abord par les détails matériels et domestiques : «La prose de la vie», écrit-il. Et il en voulait pour