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Londres sent déjà les bouffées d’ail...

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La Grande-Bretagne n’est plus une île. Les foreurs du tunnel sous la Manche viennent d’établir une première jonction. A peine de quoi faire passer un léger courant d’air, mais bien assez pour agiter les symboles.
(Peet-astn / Flickr)
publié le 5 novembre 2011 à 0h00

Est-ce que les Français ont humé le parfum de l'afternoon tea, les senteurs des lagers, l'arôme capiteux des baked beans à la tomate, ou simplement pris dans le nez une dernière volée de poussière alors que le tunnel établissait sa première jonction ? L'équipe britannique qui réalisait la trouée, elle, a senti «les premières bouffées d'ail». Rapporté dans la presse londonienne, cela restera comme la première réplique historique de la rencontre sous les mers des Grands Bretons et des descendants d'Astérix.

Pour les Français, le tunnel a un goût d'aventure, de vingt milles lieues sous la Manche. Un rêve de Jules Verne devenu réalité. Pour les Anglais, c'est un petit bout d'insularité qui s'en va. Et l'écho de la lourde voix de Winston Churchill qui jurait qu'un tunnel entre Douvres et Calais serait la pire des choses qui puisse arriver. «La fin de notre race insulaire», comme le titre, avec des accents réalistes, le populaire Daily Mirror. Les Français ont toujours été plus ardents. Les Britanniques réticents.

Il est difficile de leur en vouloir. La première fois que les Français sont venus les courtiser - c’était en 1802, un projet signé par un ingénieur des mines, Albert Mathieu -, cela ne s’est pas terminé avec des fleurs. Un an plus tard, Napoléon rassemblait armée et navires dans l’espoir d’envahir la Grande-Bretagne. Depuis l’Armada espagnole, les Anglais n’avaient pas connu de menace plus grave pour leur indépendance.