«Alors, vous voyez quelque chose ?» - «Oui des merveilles !» Howard Carter, alors qu'il découvrait à la lueur d'une bougie l'incroyable bric-à-brac de l'antichambre du tombeau de Toutankhamon, n'imaginait pas ce qu'allait lui réserver le reste du caveau. Deux annexes débordant d'objets rituels, trois sarcophages dont un en or massif de 110 kilos, des statues, des vases, des joyaux… Plus de deux mille objets qu'il mettra plus de dix ans à répertorier et restaurer. Un travail d'un professionnalisme et d'une minutie hors norme, effectué par des dizaines d'experts venus du monde entier pour l'épauler. C'est ce trésor patiemment reconstitué avec des copies que présente depuis une semaine à Paris, sur 4 000 m2, Rainer Verbitz (1). Le scénographe autrichien a repris l'idée un peu folle lancée par deux Allemands il y a une dizaine d'années : «Faire revivre l'émotion de Howard Carter lorsqu'il entra dans la tombe. Avant de permettre au visiteur d'admirer de près, sans glace ni vitrines, les plus belles fausses pièces.»
Muni d'un audioguide, on pénètre par petits groupes dans des salles faiblement éclairées pour suivre avec, en voix off, des extraits du journal intime de Carter, les étapes de la découverte. Présentation de la Vallée des Rois, film mettant en scène la révélation, jeux de lumière puis reconstitution, grandeur réelle, des lieux du tombeau (antichambre, salle du trésor, chambre funéraire avec les sarcophages). Chaque objet - du plus impressionnant masque en or aux pétales de fleurs jonchant le sol - est à sa place. Les principales pièces sont ensuite présentées une nouvelle fois pour être admirées de près. Mais avec un Toutancarton tout en toc, l'émotion peut-elle être au rendez-vous ? «Ce n'est pas du toc, se défend avec véhémence Rainer Verbitz. Chaque objet a été réalisé exactement comme il y a 3000 ans !» De fait, on est loin des images en 3 D, moulages, matériaux de synthèse ou découpe au laser utilisés pour réaliser des copies parfaites. Tout a été façonné à la main sur place, au Caire ou dans les environs. Une centaine d'artisans ont œuvré à partir des originaux qu'ils pouvaient observer quotidiennement sous le contrôle de scientifiques. «Pour certaines pièces, comme le coffre aux canopes, il nous a fallu deux ans pour trouver la personne capable de travailler l'albâtre. D'autres ont été retoqués, car ils présentaient des défauts.» L'exposition est avant tout «culturelle et pédagogique. Et je ne me suis pas facilité la tâche», confie Rainer Verbitz, en citant la longue liste de docteurs en égyptologie parrains du projet.
Le pharaon sera-t-il satisfait du résultat ? Pour l’instant, la malédiction de la momie n’a pas frappé la rétrospective qui a déjà fait escale avec succès dans plusieurs grandes villes européennes.
(1) Jusqu'au 1er septembre 2013, au Parc des Expositions de Paris, porte de Versailles. Adultes : 15,90 €. Enfants : 12,90 €.