Vous aimez les jardins et la danse. Devant votre château, vous avez fait aménager un vaste parc ponctué de bosquets. Au milieu de l’un d’eux - le bosquet du Théâtre-d’Eau -, des fontaines et des cascades entourent une grande scène où vous aimez venir danser : il y a de la musique, les vivats des courtisans, le chant du vent dans les arbres et le rire permanent des jets d’eau. Vous êtes Louis XIV.
Vous êtes le Roi-Soleil, mais, hélas, vous êtes mort maintenant, et le bosquet du Théâtre-d’Eau ne vous a pas survécu longtemps. Elaboré par Le Nôtre et Le Brun (pour les fontaines) entre 1671 et 1674, cette parcelle carrée de 180 mètres de côté était d’un entretien fort coûteux. Si bien qu’un siècle plus tard, ce «salon de plein air» a été radicalement réaménagé par Louis XVI : plus de scène, plus de gradins engazonnés, plus de cascades mais simplement une grande pelouse dans une clairière. L’ancien paradis de la gigue et du rigaudon a pris alors le nom de bosquet du Rond-Vert. Puis, quelques tempêtes sont passées par là, qui ont parachevé cet effacement. Au point qu’aujourd’hui l’endroit n’est plus utilisé que pour entreposer du matériel. Un terrain vague. Fin de la danse.
«Je suis un caméléon»
Mais pas fin de l'histoire puisque lors son règne à la tête du domaine de Versailles, Jean-Jacques Aillagon a lancé un concours pour la réhabilitation du bosquet, ou plutôt sa «réinterprétation» par des jardiniers contemporains. A été retenu le projet du paysagiste fr