Marcher est à la mode. Du député Jean Lasalle, parti pour le tour de France, au généticien Axel Kahn, qui traverse le pays en diagonale, en passant par une déferlante de livres dont En avant marche d'Alix de Saint-André ou Remonter la Marne de Jean-Paul Kauffmann, le marcheur se déringardise, la randonnée se pare de toutes les vertus. En témoigne le phénoménal succès d'Immortelle Randonnée, récit par l'écrivain diplomate Jean-Christophe Rufin de ses 900 kilomètres sur le chemin de Compostelle.
L'académicien, Goncourt 2001, embarque son lecteur avec des anecdotes pittoresques et une autodérision salutaire. Il décortique le «façonnage du marcheur» au fil des jours et des kilomètres, l'«alchimie du temps sur l'âme». Il y a les transformations physiques du marcheur de longue haleine, mais surtout la métamorphose spirituelle : «On devient à la fois complètement étranger à ce que l'on était avant et prêt à rencontrer les autres.»
Un délicieux petit livre de poche vient opportunément nous rappeler que la marche a déjà eu ses heures de gloire et ses héros, tombés dans l'oubli. Comme Yves Gallot (1863-1936), qui faisait la une des gazettes au tournant du XXe siècle et dont chacun des exploits déplaçait des milliers de supporteurs. C'est à Antoine de Baecque, professeur d'histoire du cinéma à l'université de Paris-Ouest-Nanterre, journaliste (à Libération de 2001 à 2006) et marcheur, que l'on doit la redécouverte