... Des pages étincelantes ou acérées comme les souvenirs pour évoquer un mal étrange et pénétrant : la maladie du retour. Dans cet ouvrage collectif dirigé par Leïla Sebbar, qui depuis longtemps déjà explore les territoires perdus de l’enfance et de l’exil, dix-sept écrivains originaires de pays méditerranéens donnent leur définition du pays natal.
Le lieu n'est plus géographique mais intime. Chaque auteur commence par quelques lignes manuscrites pour définir son pays natal. Ainsi les mots de Hoda Barakat - «c'est la maison suspendue. Au loin. Celle que je visite toutes les nuits, et dont je n'arrive pas à éteindre la lumière» - définissent l'exil comme une suspension permanente, un départ sans arrivée. Selon Ida Kummer, «le pays natal n'existe que lorsqu'on l'a quitté. C'est depuis l'exil ou l'ailleurs qu'il émerge… Le pays natal est une absence». Pour l'oulipiste Marcel Bénabou, né à Meknès en 1939, en revanche, ces lieux du cosmopolitisme et de la colonisation sont déjà «subjectivés», avant même le départ.
Mohamed Kacimi s’éloigne de la mélancolie et opte, lui, pour un abécédaire facétieux sur l’Algérie. A la lettre C : «Café : Espaces lacaniens conçus pour faire croire aux Algériens que la femme n’existe pas», «Cybercafé : Trip. Visa du pauvre», ou encore «Charia : La vie mode d’emploi».
Au gré des évocations de ces «naufragés du pays natal», pour reprendre l’expression du psychanalyste Fethi Benslama, on survole plus que la Méditerranée, la «mer(