Cette vision avait alors attiré son attention ; mais, l’instant d’un clin d’œil et elle avait déjà disparu. Il faut dire qu’elles sont tellement nombreuses à cette heure crépusculaire.
Il avait alors tendu ses filets, avec détermination.
A l’heure où la forêt bruit de mille ondes. L’heure où les bêtes de jour rentrent se terrer pour laisser la place aux noctambules. La nuit alors leur appartient. Et la vue perd de son importance au profit des autres sens, qui s’émancipent enfin du diktat de la vision. On sent mieux. On écoute mieux. On caresse mieux. Mais les bruits aussi semblent alors plus précis, les odeurs plus lourdes, les sensations du toucher plus intenses. Est-ce de cette infirmité visuelle que nous impose l’obscurité que nos autres sens s’affirment enfin. Ou bien la nuit sent-elle plus fort, bruit-elle plus fort que sa sœur diurne ?
Il avait alors tendu ses filets, avec détermination. Et elle, sans y prendre gare, s’était prise dans ses mailles. Sans même s’en apercevoir. Le piège était là, sur son passage. C’est tout.
Il s’approcha d’elle à pas de loup, retenant son souffle. Malgré l’obscurité, il l’avait reconnue, c’était elle. Il ne l’avait jamais rencontrée, mais il la connaissait déjà. Une connaissance moins intime certes, moins sensible, une connaissance livresque. Une rencontre de papier.
Mais cette fois, il la tenait entre ses mains.
Elle était là, frémissante. Fragile sous ses doigts. Il sentait la légère tiédeur de son corps. Les battements de son cœur. La démai