Débarquer de la mer Caspienne en Asie centrale, c’est la promesse de toucher au cœur de la route de la Soie. Un chemin de commerce, d’échanges culturels, religieux, linguistiques. UN chemin d'histoire et de légende. Mais pour nous, voyageurs du XXIe siècle, la dernière incursion visible, bien loin des Chinois, Sogdiens ou descendants des Mongols que l’on vient encore chercher dans les ruines de la Transoxiane à Samarcande, la dernière présence: c’est celle des Soviétiques.
Plus de vingt ans après l’effondrement de leur empire, leur emprise elle s’affiche partout en filigrane. Dans les avenues larges et à n’en plus finir de la ville pétrolière d’Aktau au Kazakhstan, comme méprisantes des proportions humaines. Dans ces canalisations omniprésentes de gaz, qui courent les rues. Dans les carcasses laissées ça et là, un vieux MiG à Aktau, un Yak-40 à Osh au Kirghizistan.
Nous aurons pu expérimenter la vie dans un ancien kolkhoze près de Nukus en Ouzbékistan. La collectivisation soviétique certes a vécu. Aujourd’hui les larges terres et les corps de ferme de l’exploitation sont détenus par une seule famille. On y vient l’été de Tachkent où l’on est professeur, de russe cela s’entend, avec les enfants. L’un des fils tient encore l’affaire familiale, en gros propriétaire terrien. La production de tomates et le lait sont vendus sur les marchés locaux, la maison paresse sous les vignes, la fraîcheur de ses immenses pièces vides dont l’on déploie à l’occasion de la sieste et pour les nuit