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Partir, revenir, exister...

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Violette Gentilleau est une jeune dessinatrice rencontrée au festival de Clermont-Ferrand. Elle vient de s’envoler pour l’Inde et fera parvenir prochainement ses textes et carnets de route. En attendant, impressions de voyages, croquées lors d’un précédent périple en Asie.
par Violette Gentilleau
publié le 13 septembre 2013 à 0h00

Partir...

Toulouse-Paris. Sur le porte-bagages métallique du train repose mon sac à dos noir, frotté de poussières africaines et qui s’en va tenter celles d’Asie. J’ai tenté de le remplir avec concision, mais il est encore trop gros et je ne sais pas encore que d’ici quelques semaines je m’en renverrai une partie depuis Chiang Mai.

Premier étage : carnets de dessin neufs. Encres et crayons. Bouquins soigneusement sélectionnées. 2e étage : une trousse à pharmacie aussi garnie que les sandwichs à l’omelette que m’ont confectionné les copains, mais que je ne touche même pas pour cause de lendemain de fête trop arrosée. 3e étage : quelques rares vêtements; je porte sur moi les plus chauds. Dehors les paysages jouent au noir et blanc, clairs-obscurs découpés comme des dessins de carte à gratter. Les quais des gares crûment éclairés passent au ralenti, noyés sous le moelleux de la neige qui tombe de plus en plus fort. Impression d’irréel. Je passe là une nuit dans un salon duquel je suis déjà loin, me lève très tôt et sors toujours sous la neige et la nuit prendre le métro. Correspondance. RER. Douleur sourde des regards et des corps collés les uns aux autres dans ces heures où chacun aimerait être ailleurs que dans ces wagons hurlants et tressaillants. Justement, j’y vais : dans les vitres noires, mon reflet en forme de backpackeuse...

Paris-Bangkok. Suivre le flot de voyageurs, numéros de halls, comptoirs, tapis roulants, salles d’attentes, baies vitrées, sièges mo