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Libération
portrait de nuit

Les néons de Yiwu

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Ce voyage en Chine restera pour moi une histoire de croisements, de lacis serrés...
jeroen020
par Marie GODART
publié le 4 octobre 2013 à 16h15

... D’abord ceux des gigantesques échangeurs des voies express, les réseaux d’épais fils électriques, noirs sur le fond bleu-blanc du ciel. Et bien sûr le point de départ de tout, l’impulsion nécessaire au voyage : une amie s’était installée en Chine, pour y travailler avec son frère. Elle nous avait clairement annoncé qu’elle vivait « à la campagne ». Fidèles à nos réflexes citadins, nous sommes donc passés par Hong Kong et Shanghai pour faire le plein de grandes cités avant de réserver nos billets de train pour Yiwu.

Le lieu dans lequel nous débarquons pour prendre le train – la gare sud de Shanghai - semble sortir de l’imagination fertile de Jean Giraud : la blancheur du décor, la transparence des panneaux du dôme qui nous surplombe… Arzach pourrait surgir de nulle part, chevauchant son ptéroïde immaculé. Le jour décline lentement dehors, mais les éclairages violents nous maintiennent dans un éveil artificiel. Nous faisons des pronostics sur le vaisseau spatial qui nous emmènera à Yiwu.

JADE. C'est finalement un tortillard métallique aux compartiments et aux passagers fatigués qui s'arrêtera en grinçant à quai. Nous nous installons sur les banquettes étroites de velours rouge. En face de nous, deux femmes sans âge, aux chemises aussi usées que délicatement fleuries, nous dévisagent. Elles veulent en savoir plus sur nous, mais aucun son intelligible ne sort de nos bouches respectives. Je pose alors notre guide de voyage sur la petite table qui nous sépare, u