Au pays des 7 000 îles, c’est un petit caillou montagneux dans la mer de Bohol. Un repaire de sorciers, de guérisseurs et de lucioles marines… Dans les temps anciens, on raconte qu’un géant s’est emparé d’une poignée de terre pour l’emmener de Bohol jusqu’à la grande Mindanao. Il a marché d’île en île, a essuyé les typhons, a enjambé les mers, mais, épuisé, l’a abandonnée en chemin… Tout au sud des Philippines, Siquijor était née : petit caillou montagneux, semé des mains d’une créature légendaire.
Originaire de l’île, Leonardo Paculba, adjoint au maire de la petite ville d’Enrique Villanueva, connaît bien ces légendes, rapportées par son grand-père, commerçant.
«Les Philippins sont de grands voyageurs. Ils allaient et vont toujours d’île en île, avec leur bangka [une barque philippine, ndlr]. De Cebu à Negros. De Camiguin à Bohol. De Siquijor à Mindanao… Ils y vendent des noix de coco, des bananes ou du tuba [un alcool local rouge et aigre comme du vinaigre].
Ils se plaisent à imaginer comment leurs îles ont été conçues ou découvertes par des géants fatigués ou des colons effrayés.»
Poupées en papier. Car, au fil des histoires, Siquijor est aussi devenue «l'île de feu» ou «l'île du roi boiteux», à cause des milliers de lucioles que les Espagnols auraient découvertes en l'abordant ou du souverain infirme qui y régna jadis… Si l'archipel des Philippines égrène volontiers ses îles et leurs histoires, Siquijor tient une place