« Nous sommes accueillis dans le nord de la Californie par une immense forêt de séquoias. Que dire de ces forêts millénaires ? Tels des citadelles, les conifères ancestraux s'élancent vers les cieux, propageant dans le parc nationale de Redwood l'atmosphère poignante des âges reculés.
GENEALOGIE. Imaginez un peu : rappelant l'épicéa dans la forme de ses aiguilles, le pin dans sa coupe, il avoisine parfois les cent mètres de haut pour huit mètres de diamètre. Son écorce profonde décrit des univers entiers, des cartes de contes mystérieux, un royaume fantastique. Marqué de ses rides millénaires, l'arbre qui tiendrait nos vieux chênes pour ses arrière-petits-enfants, dégage une impression de force et de sagesse.
L’histoire est inscrite dans sa sève et coule en lui. Il détient la connaissance d’époques où l’homme n’existait pas. Je ne peux m’empêcher voyant quelques boursouflures ou tumeurs qui sortent de leur troncs, semblables à des têtes ou des membres, d’imaginer les esprits qui peuplent ces majestueux conifères. Je les entends me parler du temps jadis où le flot des vagues qui se fracassaient contre la grève de la côte proche, n’annonçait pas encore l’arrivée des navires espagnols, des corsaires britanniques. L’indien, sans ôter plus que de besoin, marchait à ses racines, foulant de ses pieds l’humus de cette jungle tempérée, sans affront ni blasphème.
Dieu merci ! Les Etats-Unis, après avoir arraché 96 % de cette forêt primaire, ont décidé en 1968 –