Le patrimoine, c'est plus ce que c'était. Aujourd'hui, les vieilles pierres doivent gagner des sous, les châteaux et donjons devenir des entreprises efficientes. Tout ça cherche son avenir dans un fooding à la con, des boules à neige design et des hôtels quatre-étoiles à serrures électroniques. C'est sûr, elle est largement révolue, l'époque où, pour atteindre l'extase, les romantiques allaient renifler les ruines «enlierrées» de Jumièges (Seine-Maritime) et Pierrefonds (Oise).
Cependant, quelques havres d'art et d'histoire pas encore tout à fait alignés sur les normes du tourisme contemporain espèrent votre visite : dernier embarquement avant liquidation ! Dernier tour du propriétaire avant le nettoyage à sec du XXIe siècle ! Ainsi Chambord, la perle de François Ier de retour de Marignan. Plus grand des châteaux de la Loire. Domaine endormi vaste comme Paris intra-muros. Terre d'accueil de la fauvette pitchou et du balbuzard pêcheur. Joyau architectural et naturel dont les gestionnaires s'apprêtent à secouer les plumes pour en faire tomber de l'or. Descendez à la gare de Blois et débrouillez-vous pour faire les 18 kilomètres restants. Il y a urgence.
Imagination. On ne visite pas Chambord. On s'en va visiter l'idée que l'on se fait d'une visite de Chambord, ce qui est sensiblement différent. Le château n'a pas été construit pour être habité : quinze ans d'occupation seulement en cinq cents ans d'existence. L