A dix heures des côtes françaises, après le survol du continent africain, l’arrivée en territoire malgache sent le gasoil des années 60 que l’on n’a pas connu. à Tana, surnom donné à la capitale Antananarivo, le passage à la douane est déjà une épopée où l’on chahute pour retrouver le passeport qui, par chance, nous appartiendrait. Une fois les portes de l’aéroport passées, la moindre aventure du quotidien explose l’échelle de l’étrangeté et du paradoxe. Les unes des journaux, de La Vérité à L’Express, de Taratra à Madagascar Matin, ne parlent que de la crise politique et des énièmes rebondissements de l’élection présidentielle, dont le premier tour a eu lieu le 25 octobre, le second est prévu le 20 décembre.
Un feuilleton que les électeurs suivent, blasés, depuis des mois, voire des années avec, en tête, l’exil rocambolesque de leur ancien président Marc Ravalomanana en Afrique du Sud à deux heures d’ici. Tous les regards sont tournés vers le gouvernement de «transition», terme qui rappelle tristement que la situation politique, comme économique n’est pas stabilisée, que l’aide internationale est partiellement stoppée, que la crise qui débuta en 2009 est loin d’être terminée.
En attendant des jours meilleurs, dans la brume du matin, certains fument des Good Look, d’autres des Boston qui ont un peu le goût des Gitanes d’antan. Antananarivo est un monde hostile pour qui ne comprend rien à l’Afrique. Le continent possède mille visages mais celui de Madagascar a l’allure d’un bou