Visite d’un bateau en gésine. Visite de l’Hermione, frégate du XVIIIe siècle que Rochefort-sur-Mer reconstruit à l’identique. Visite d’une forêt mise en forme, d’os de chêne en attente de sel. On est à la poupe du navire de 65 mètres qui marque la volonté d’une ancienne ville-arsenal de se rapproprier son histoire, à l’heure où la France ferme ses casernes et ses poudrières. Vue sur une arche de bois, avec des membrures comme un thorax de baleine morte. Sensation d’être un peu Noé n’ayant pas encore sélectionné ses espèces animales; un peu Jonas attendant que le souffle du projet nous recrache. Impression de s’immiscer dans la carcasse d’une grandeur passée et d’un futur difficilement recommencé. Impression d’habiter le squelette d’une défunte splendeur maritime et guerrière sans bien savoir si les logiques patrimoniale, touristique et culturelle suffiront à remettre à flot une ville qui a longtemps décrété qu’un fleuve bourbeux valait bien le grand large.
Il fait chaud et spongieux sous la tente de plastique. 80% d'humidité, une hygrométrie constante pour éviter que le bois ne sèche, joue et se craquelle. Les charpentiers viennent de poser le 52e couple sur 62. La coque prend forme. Sur des promenoirs en aluminium, les visiteurs s'agglutinent à 25 francs la visite guidée. Ils étaient