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Etats-Unis

Bayocean Pacific Dream

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Grandes destinationsdossier
En longeant la côte de l’Oregon, on aperçoit au large une dune où naquit un projet fou : en 1912, deux investisseurs ont défié l’océan pour y bâtir un Deauville à l’américaine. Un rêve très vite balayé par l’érosion et les glissements de terrain.
publié le 13 décembre 2013 à 18h16
(mis à jour le 18 décembre 2013 à 15h12)

Devant l’entrée cahoteuse de la presqu’île de Bayocean, un panneau épuisé par les vents marins raconte une histoire que la plupart des habitants de ce coin reculé des Etats-Unis ont oubliée. Ici, sur cette vaste dune qui protège la baie de Tillamook, à quelque 130 kilomètres de Portland (la grande ville de l’Oregon), s’est élevé un éphémère paradis moderne pour la bonne société. Une utopie qui fut balayée en quelques décennies par l’océan qu’elle avait osé défier.

Pour comprendre cette folie, il faut arriver par la côte depuis le Sud, longer ses caps et ses crevasses forestières, ses plages glacées et ses recoins humides. Suivre le sable qui a détruit Bayocean. La route commence au sud de Florence, au bien nommé parc des Dunes. Sur quelques dizaines de kilomètres, l'interstate 101, qui relie Los Angeles à Seattle, révèle un paysage désertique qu'on n'imagine pas trouver dans ce recoin si vert. Les premières grandes plages de l'Oregon sont là, vierges comme au premier jour. C'est la caractéristique principale de cette côte : elle est offerte à tous depuis qu'en 1913, le gouverneur de l'Etat a inscrit dans la loi que les plages et les terres côtières sont «des voies publiques qui doivent à jamais rester accessibles au public». La côte est donc peu construite, mais faussement paisible. Et l'histoire locale est pleine de bateaux fracassés sur ses rochers après des jours de tempête. James Cook, le navigateur anglais qui arpenta ces eaux vers le Nord à la fin des années 17