On peut être centenaire, avoir une malle remplie de mille et un récits, avoir connu dans sa jeunesse la reine Victoria et, malgré tout, être dépourvu du sens de l’histoire. Le Old Cataract d’Assouan en sait quelque chose. Après trois ans de travaux de rénovation, le plus célèbre hôtel d’Egypte, paradis de luxe nilotique, villégiature choisie des stars de cinéma et des chefs d’Etat, avait prévu de rouvrir ses portes en… janvier 2011. Au moment même où, à 900 kilomètres de là, au Caire, la place Tahrir s’embrasait et suffoquait sous les pavés et les gaz lacrymogènes.
Comme une princesse endormie entrouvrant soudainement les yeux, le mythique palace s’est finalement réveillé quelques mois plus tard, plus beau qu’il n’avait jamais été mais totalement chamboulé par cet ordre nouveau : un monde sans Hosni Moubarak, sans touristes et sans devises étrangères. Le manager adjoint des lieux, Selim Shawer, a beau assurer que si tant de volets restent clos, c’est qu’il n’est nul besoin de les ouvrir - le charme des chambres se suffisant à lui-même -, on peine à le croire. Les chiffres sont vachards : cet hiver 2013, en haute saison touristique, le taux d’occupation de l’hôtel ne dépasse pas 25%. La mort rôde sur le tourisme du Nil…
Photo Flickr.
Feuilles d’or et mousse onctueuse
La désillusion apparaît d’autant plus cruelle pour le Old Cataract que le palace vieillissant, qui appartient au groupe Sofitel, n’avait pas lésiné sur les moyens pour répondre aux standards modernes de l’hôtellerie de très grand luxe, tout en garda