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Libération
Le melon ouïghour

Une première journée à moto

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Hanoï, 5 heures du matin. Nous sommes en possession de deux scooters semi-automatiques depuis la veille. L’un est maquillé de flammes orange sur le guidon, l’autre a deux rétroviseurs gauche...
par Chloé Laloi et Théo Inisan
publié le 22 janvier 2014 à 16h17

Les deux sont déjà aussi usés que leur carte grise vietnamienne, qui révèlent par ailleurs la véritable identité de nos motos. Non pas des Honda Wave comme l’indique le sticker collé sur le châssis en plastique, mais des copies provenant de Chine et de Corée. Les porte-bagages bricolés avec plusieurs tendeurs ont du mal à se porter eux-mêmes et soutiennent avec beaucoup de peine nos sacs à dos débordant sur le siège passager, perdant ainsi son utilité première. Le Vietnamien qui nous ouvre la porte nous dévisage, mal réveillé. Il esquisse un sourire amusé quand on lui annonce qu’on compte bien rejoindre Ho Chi Minh Ville, et ce seulement avec cet unique, et peu viable paraît-t-il, moyen de locomotion. La ville s’est déjà réveillée quand arrive le moment où l’on enfile nos casques, accessoires purement symboliques aux yeux de la loi et aussi résistants qu’une coquille d’œuf, et l’on s’installe sur nos motos, définitivement trop petites pour moi.

La capitale politique du Vietnam réunit environ deux millions de scooters à elle seule et offre chaque jour un ballet millimétré au travers de grandes artères à trois voies tracées, dix réelles, et de ruelles où la chaussée disparaît de moitié sous les stands de marchands ambulants. Chaque citadin s'affaire à amener son scooter, son chargement et lui-même d'un point A à un point B du matin au soir, qu'il s'agisse du maraîcher et sa caisse de concombres, du jeune entrepreneur et sa pile de dossiers, ou encore d'une vieille dame et son m