Mes jeunes amis Coréens de Séoul avaient tenté de me mettre en garde. Contre ce que tout le monde appelle ici «templestay», du nom de ce programme mis en place par l’ordre Jogye pour promouvoir la culture du bouddhisme coréen par l’expérience. Cet ordre représente le bouddhisme coréen le plus traditionnel, depuis l’importation du Seon, une branche du Zen, de la Chine au IXe siècle. « Personne ne va en templestay en Corée ! Tu n’y verras que des étrangers et peut-être quelques vieilles dévotes tout au plus ! » J’avais besoin de ce temps de retraite, alors qu’importe.
Me voici donc pour trois jours à Woljeongsa, l’un des 24 temples principaux de l’ordre Jogye, perdu dans le parc national du mont Odaesan de la province du Gang-wan-do. Trois jours où je pensais ne voir personne, méditer et prendre un peu de recul sur les dix mois de voyage déjà accumulés. Une surprise, mes amis se trompaient. Le « templestay » est bien pris d’assaut par les Coréens excédés par une vie trop bouillonnante. Voilà donc pour la solitude. Reste la méditation malgré tout.
A l’arrivée, la mise en condition vous enseigne les éléments de base pour se comporter avec respect dans le temple. Les gestes à exécuter: le chasu, position de repos, mains croisées sur l’abdomen, à adopter aux cours des longues déambulations dans l’enceinte du temple; le hapjang, mains jointes à la poitrine et flexion du haut du corps, chaque fois que l’on croise un moine ou à l’entrée du grand hall de Bouddha.
Et la vie se met en plac