Trois heures que nous marchons sur les sentiers de l'île. Il faisait presque nuit quand nous avons quitté le village d'Abraão et ses touristes venus s'enivrer par centaines. Pourtant, j'entends encore Enrico me dire ce matin «il faudrait qu'on décolle à midi. On a 15 kilomètres à faire aujourd'hui pour rejoindre le premier campement». Mais vous savez comment sont les filles, euh pardon, les gars… Un sac de linge à ramasser à la laverie, un barbecue portatif à nettoyer, une machette à acheter, six kilos de nourriture à caser dans les sacs, une tente à récupérer chez les voisins, une dernière course à faire... Bref, finalement il était 18 heures au moment du départ.
Les lampes frontales en place et les sacs (un peu trop lourds) sur le dos, ce sont les deux chiens qui nous accompagnent qui ouvrent la voie. Ce soir, la lune, presque pleine, tente d'éclairer nos pas. Elle affiche ce visage souriant que je lui devine depuis que je suis toute petite. «Un visage? Ah bon?», me répond-t-on souvent quand je la pointe du doigt.
Les chemins escarpés et parfois abrupts qui s'alignent à travers la jungle tropicale ne nous facilitent pas la tâche pour cette première étape. Après trois heures de marche et une dizaine de kilomètres engloutie, la fatigue m'envahit le corps et l'esprit. Et puis la parano aussi. Trente minutes auparavant, j'ai eu la bonne idée de demander quels animaux dangereux pouvaient potentiellement croiser notre route de nuit comme de jour. «La nuit, le