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Libération
LES AVENTURES D'UN TOURDUMONDISTE

Journées de mousson en Thaïlande

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Enfin, après un mois de vélo, j’atteignis le Mékong. Depuis le village de Sangkhon, je contemplai la rive opposée, le monde nouveau, les prémices du Laos...
(kellyid53 )
par Jean-Baptiste Pouchain
publié le 27 mars 2014 à 9h11

...D’ici, ça avait l’avair sensiblement pareil. Pour fêter mon premier millier de kilomètres, je me trouvai un petit Eden où croquer dans le fruit défendu pendant quelques jours. «Bouy Guest House» était en fait une maison habitée par un couple et leur fille, dont le jardin luxuriant, qu’on rejoignait en empruntant un petit pont suspendu, possédait quelques huttes sommaires mais confortables en surplomb du fleuve.

Le prix dérisoire ne me vit pas hésiter bien longtemps. À peine installé, j’écopai d’une saucée biblique, qui dura presque quatre jours. La mousson pointait le bout de son nez, un peu trop tôt sûrement. Les héliconias rouges et jaunes dégouttaient sur l’herbe odorante. Je restai assis sous le hautvent, dans un fauteuil confortable, observant le va-et-vient continuel des bâteaux à moteur entre la Thaïlande et le Laos, qui enclenchait inévitablement la mécanique des pensées.

Je ne dus jamais m’éloigner de plus de 500 m de ma case, et jamais pour autre chose que manger. Je contractai notamment une obsession pour la centaine des fruits tropicaux du marché, et surtout les délicieux mangoustans à l’écorce violette, et ces poilus de ramboutans. Mais le nec plus goûtu était un barbecue de poisson du Mékong, servi dans des feuilles de bananier et accompagné de riz gluant pimenté.

Quand je ne mangeais pas, je dormais, barbouillais des feuilles de mon carnet de voyage.

Je lisais People of Esarn, surtout. Sous la plume sobre de Pira Sudham, le Nord-Est de la Thaïlande, ap