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France-Angleterre: l'obélisque de la discorde

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A Nil autre pareildossier
Le musée de la Marine retrace l'épopée du monolithe érigé il y a près de 180 ans au cœur de Paris.
Façade du temple de Louxor, vers 1800, aquarelle. François-Charles Cécile (1766-1840). (© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Les frères Chuzeville)
publié le 1er avril 2014 à 9h34
(mis à jour le 1er avril 2014 à 9h35)

Le 25 octobre 1836, l’obélisque de Ramsès II, édifié il y a plus de 3000 ans devant le temple de Louxor en Haute-Egypte, est érigé place de la Concorde à Paris, devant le roi Louis-Philippe et une immense foule venue assister à l’événement. Un épilogue grandiose pour une aventure de plus de sept ans faite de prouesses techniques, d’attentes, de luttes contre les maladies et les éléments; sur fond de controverses politiques et de rivalités diplomatiques avec Londres…

C'est à Jean-François Champollion que l'on doit ce monument. Au départ, l'Egypte le réservait à l'Angleterre. Malin, le décrypteur des hiéroglyphes suggera d'offrir à notre puissante voisine l'obélisque de Karnak, plus haut et plus beau... Mais tellement lourd qu'il était intransportable. Le représentant de la Grande-Bretagne n'y vit que du feu et accepta le troc.

«Ça y est. Les obélisques sont à nous. Et ce n'est pas à l'Egypte qu'on les prend mais à l'Angleterre…» Cette lettre de l'envoyé spécial de Charles X chargé de conclure le don auprès de Méhémet-Ali, vice-roi d'Egypte, donne bien le ton de la guerre larvée que se livraient alors la France et son ennemi héréditaire. Et explique la ténacité des hommes chargés de ce projet pharaonique.

Car les chiffres donnent le tournis: un monolithe de 230 tonnes enfoui dans plus de 4 mètres de sable à dégager puis à déplacer jusqu'au Nil sans machines motorisées; 8000 kilomètres de traversée à bord d'un bateau spécialement conçu pour cette charge hors-norme; des mo