«Le Copan, c'est notre Pain de sucre de béton.» Depuis les fenêtres de son appartement, dans cet immeuble emblématique du centre de São Paulo, le musicien Celso Sim ne se lasse pas d'admirer la courbe en «S» de la façade, œuvre d'Oscar Niemeyer, le maître du modernisme brésilien. Monumentale et fluide, elle lui rappelle les formes sensuelles du célèbre rocher de Rio.
Fascinant Copan. Andreas Gursky en a fait une photo vendue à prix d'or chez Christie's. Anselm Kiefer l'a placé au cœur de son tableau Lilith, une vision d'apocalypse urbaine que lui avait inspiré le centre-ville de São Paulo. Avec 115 mètres de haut, 32 étages, 1 160 appartements et 5 000 habitants, le Copan - monument classé - est le plus grand édifice résidentiel d'Amérique latine, doté de son propre code postal. Une ville dans la ville. «Habiter ici était un rêve d'adolescent», reprend Celso Sim. S'il déménage, au bout de dix ans, c'est à cause des nuisances sonores du chantier voisin. Il se souvient du temps où «il y avait là un meurtre par semaine». De la «faune dingue» de l'époque, telle cette jeune beauté «mythomane» ou encore les travestis, putas, bandidos et autres dealers.
Cité radieuse à la brésilienne, le Copan se gentrifie après une période de décadence. Artistes, modeux et professions libérales s’arrachent ses appartements. Un resto-bar branché et un centre culturel y ont ouvert leurs portes. Un musée Niemeyer est prévu sur la t