Si aller à la plage, se baigner, bronzer et manger des glaces est un acte individuel, la manière dont on le fait incarne l’esprit de l’époque. Ainsi en est-il dans les stations balnéaires européennes, où s’exprime une liberté huilée, bronzée et mixte. Il existe bien une anomalie: les bains publics la Lanterna, à Trieste, au bout d’un bras de terre à quelques kilomètres du centre-ville.
Un édifice bétonné, assez classique, typique des plages italiennes aménagées. Avant de passer au guichet, les familles et les groupes d’amis se disloquent, les filles d’un côté, et les garçons de l’autre. Voilà la spécificité des bains publics de la Lanterna : ils ne sont pas mixtes, fait unique sur une plage européenne.
L’auteur de ces lignes étant un homme, il n’est ici question que de ce qui se trame du côté droit Après avoir payé son ticket (1 euro), on entre sur une plage de galets coupée par un grand mur blanc d’environ 3 mètres de hauteur, qui s’enfonce sur une dizaine de mètres dans l’Adriatique. Au fond, une démarcation de bouées interdit l’accès à des eaux plus profondes : la mer a beau être d’huile, le port, animé, est proche.
Parasite. Il est difficile de dater la construction de cette bizarrerie. Certains avancent 1903, d'autres la toute fin du XIXe siècle. Trieste est alors sous domination austro-hongroise et le principal accès à la Méditerranée de l'Empire. Le courant hygiéniste préconisait les bains de mer. Son surnom encore utilisé