Aussi loin que je m’en souvienne, la première route qui revient dans ma mémoire est une autoroute. Nous allions, je crois, à Salon-de-Provence. Pour moi, c’était le Nord de la France. Jusqu’à mes 20 ans, je ne pense pas être jamais allé au-dessus d’Avignon. Je me souviens d’une route immense, avec plein de voies, plus que je n’en avais jamais vu de ma vie. Je me souviens d’un pont entre les deux rives de l’autoroute et, dans ce pont, il y avait un restaurant. Pour moi, c’était le futur. Et tandis que dans l’insouciance des plus douces années je bâtissais un avenir utopique peuplé de ponts au-dessus des autoroutes avec des restaurants à l’intérieur, j’oubliais complètement de me souvenir du goût des aliments que j’avais consommés ce jour-là.
A 20 ans, je suis allé vivre à Paris. Timidement, en 2006, je me suis aventuré en Bretagne, à Saint-Malo. Puis, comme une fièvre, comme une éternité de stagnation à rattraper, ce fut Bruxelles et Lyon la même année, la Bretagne à nouveau, la Normandie et la Touraine. Tout doucement, le monde…
En septembre 2006, j’étais à Pékin, hébergé chez un expat français. En bas de son immeuble, il y avait un boui-boui qui donnait sur la route. Dedans, deux petites tables où s’asseoir, une mince cuisine et le papier peint du fond qui était en train de se décoller du mur. On y mangeait des raviolis faits minute pour 30 centimes d’euros la dizaine. C’est l’une des meilleures choses que j’ai mangée au monde. Le jour de quitter la ville, je suis même allé e