Le texte ci-dessous résulte d'un séjour de deux jours et une nuit à l'abbaye de Royaumont d'Asnières-sur-Oise, précédé d'une dizaine de visites plus courtes dont une en état de semi-hypnose, ainsi que d'une fréquentation assidue des environs pendant vingt-quatre ans… Idée générale : traquer l'esprit du lieu, car si niche en Ile-de-France un genius loci, c'est assurément ici. Cet article n'a donc pas vocation à développer le tourisme dans le nord du Val-d'Oise, ni même à doper la fréquentation de la jolie abbaye cistercienne. Tout au plus pourrait-il inciter quelques lecteurs à venir passer une nuit entre ces vieux murs, chose qu'il faudra considérer comme un luxe car, cette année, les quarante-cinq chambres de l'abbaye ne se seront ouvertes aux visiteurs (hors résidences de création et séminaires d'entreprise) que durant trois week-ends en tout et pour tout (lire ci-contre). Au terme de leur séjour, ces privilégiés pourront peut-être dire avec nous : le genius loci s'appelle «frontière».
Un je-ne-sais-quoi. Une frontière, d'accord, mais entre quoi et quoi ? D'abord entre le nord du Val-d'Oise, encore bruyant de la conurbation parisienne, et le sud de l'Oise, marqueté de forêts et de jolis châteaux. L'abbaye fondée en 1228 par Louis IX, futur Saint-Louis, est l'endroit où l'Ile-de-France devient Picardie, où la capitale devient province, où les citrouilles deviennent carrosses. Les bâtiments, posés par les moines au milie