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Libération
Ile-de-France

Le miracle de l’abbaye de Royaumont

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Après huit siècles d’ascèse, ce chef-d’œuvre cistercien héberge désormais artistes et intellectuels et convie le public à se laisser envoûter par les lieux, entre concerts de kora et mousse au chocolat.
L'abbée fut fondée en 1228. Depuis le 28 juin, le potager de 9000 m2 est ouvert au public. (Photo Frédéric Stucin)
publié le 29 août 2014 à 18h06

Le texte ci-dessous résulte d'un séjour de deux jours et une nuit à l'abbaye de Royaumont d'Asnières-sur-Oise, précédé d'une dizaine de visites plus courtes dont une en état de semi-hypnose, ainsi que d'une fréquentation assidue des environs pendant vingt-quatre ans… Idée générale : traquer l'esprit du lieu, car si niche en Ile-de-France un genius loci, c'est assurément ici. Cet article n'a donc pas vocation à développer le tourisme dans le nord du Val-d'Oise, ni même à doper la fréquentation de la jolie abbaye cistercienne. Tout au plus pourrait-il inciter quelques lecteurs à venir passer une nuit entre ces vieux murs, chose qu'il faudra considérer comme un luxe car, cette année, les quarante-cinq chambres de l'abbaye ne se seront ouvertes aux visiteurs (hors résidences de création et séminaires d'entreprise) que durant trois week-ends en tout et pour tout (lire ci-contre). Au terme de leur séjour, ces privilégiés pourront peut-être dire avec nous : le genius loci s'appelle «frontière».

Un je-ne-sais-quoi. Une frontière, d'accord, mais entre quoi et quoi ? D'abord entre le nord du Val-d'Oise, encore bruyant de la conurbation parisienne, et le sud de l'Oise, marqueté de forêts et de jolis châteaux. L'abbaye fondée en 1228 par Louis IX, futur Saint-Louis, est l'endroit où l'Ile-de-France devient Picardie, où la capitale devient province, où les citrouilles deviennent carrosses. Les bâtiments, posés par les moines au milie