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Billet (1/15)

En attendant «Tara»

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Clémence Lesacq, lauréate de la bourse Tara-Libé-Apaj, embarque sur la goélette à la fin du mois. Sensations alors que le grand voyage s'approche.
Détail du pont Mirabeau à Paris. ( Patrick G / Flickr)
publié le 23 septembre 2014 à 15h11

J’ai marché plusieurs heures dans Paris aujourd’hui. Touriste dans mon nouveau chez moi, je tenais dans la main droite une carte de la capitale, achetée quatre euros dans une boutique sans saveurs au pied de Montmartre. Grand bout de papier peu pratique, froissé à force d’être sorti, déplié, manipulé, mal replié. Forcément mal replié.

Il n’y a rien à y faire, je ne range jamais une carte convenablement. Et pourtant, je connais la partition. Bien observer les différents plis intérieurs et extérieurs. Repérer la ligne centrale, la plus profonde, la plus douce au toucher, celle par qui la déchirure vient toujours en première. Une fois celle-ci refermée, alterner les pliures. Un coup vers l’avant, un coup vers l’arrière. Comme lorsque nous étions enfants et que nos feuilles blanches à peine barbouillées finissaient en éventails plus ou moins réguliers. S’appliquer, prendre le temps... Mais non. C’est plus fort que moi, je refuse de replier une carte comme il se doit. Je la laisse toujours dans la position qui m’arrange sur l’instant, la face dont j’ai besoin vers l’extérieur. Un simple coup d’oeil et je peux alors retrouver ma position dans ces dédales de millimètres.

J’ai marché. De Saint-Germain à Auteuil en passant par le pont Mirabeau. Sur le papier, un petit trait diagonal traversant la rive gauche parisienne, du nord-est au sud-ouest. J’avançais à mon rythme. Sans précipitation. En étrange décalage avec l’activité qui régnait sur les boulevards en cet après-midi de septembre