Au commencement, Yazd a été arrachée à un océan de pierres grises. L’exploit est si lointain que les hommes peinent à le dater. Deux millénaires, peut-être trois. Cette ville du défi flotte désormais en plein cœur de l’Iran, à 500 kilomètres de Téhéran, seule face à deux gigantesques déserts nommés Dasht-e-Kavir et Dasht-e-Lut, traversée en permanence par un souffle chaud qui ensorcelle. En fermant les yeux, le pas lent, on navigue mollement sous un soleil d’or, longeant les murs afin de suivre un filet d’ombre. La moindre brise est lourde et sèche. Yazd s’acquitte douloureusement d’une dette originelle : entre ses pierres, ce sont toujours les déserts rocailleux qui respirent.
Le tourisme croît doucement au pays des mollahs, encouragé par l’élection de Hassan Rohani et les quelques gestes d’ouverture du régime. La vieille oasis, moins courue que Shiraz ou Ispahan, fascine les visiteurs étrangers. Comment ne pas s’éprendre d’une ville cernée de lacs de sel et de caravansérails ?
«Tours du vent». C'est un marchand vénitien qui a forgé sa réputation, un «globe-trader» dont le nom est presque devenu une marque déposée : Marco Polo. Au XIIIe siècle, l'auteur du Livre des merveilles traverse la Perse et pose ses valises à Yazd. Il y laissera des mots illustres, elliptiques mais flatteurs, décrivant «une bonne et noble ville».
La mosquée Jameh à Yazd. Photo Ricardo Fernandez. Photo Nick Taylor. Flickr
Le compliment vis