Lauréate de la bourse Tara-Libé-Apaj, Clémence Lesacq embarque ce soir sur la goélette pour quinze jours de croisière vers Naples. Impressions dans le train qui l'emmène à Marseille.
J’ai toujours pensé que le train avait été conçu pour les voyageurs contemplatifs. Tout en lui satisfait ceux qui aiment guetter les décors traversés. L’avion, trop haut, ne nourrit le curieux qu’aux trop brèves minutes du décollage et de l’atterrissage. Entre les deux, un vide blanc dont les maigres hublots permettent si peu de s’évader. Les heures au-dessus des nuages me semblent toujours un peu vides. Un peu tristes. Quant au trajet en voiture, il laisse également sur sa faim. On ne prend désormais que rarement les chemins de traverse, nationales ou routes de campagne bosselées. On roule sur autoroute, alignant les bornes kilométriques sans plus même les compter. Bitume gris. Lignes blanches. Glissières meurtrières. Comme une impression de long déjà vu.
Mais le train, lui, serpente au milieu des tableaux. Champs, forêts, villages, cours d’eau et lieu-dits dont on ne saura jamais rien. Toutes les nuances de blond et de vert s’offrent alors. Impossible d’y échapper, les murs ne sont que fenêtres qui se succèdent. Grands écrans allongés. Ouverture sur l’extérieur. Souvent, les rails surplombent un peu le paysage, permettant un horizon plus vaste. Rapide, le train à grande vitesse permet de ne pas trop s’attacher à chaque endroit traversé. Les idées du voyageur ne butent contre aucun obstacle. Rega