Lauréate de la bourse Tara-Libération-Apaj, Clémence Lesacq a embarqué sur la goélette. Elle chronique en direct son périple pour Libévoyage.
Quatrième chronique. Mardi 30 septembre, au petit matin.
Deuxième nuit à bord de Tara. Dans la cabine de pilotage, la petite horloge ronde et noire indique 5 heures moins dix du matin. De quatre à six, c’est moi qui suis de quart de surveillance pour cette fois-ci. Les treize autres passagers dorment. Les consignes sont simples, tellement claires qu’il n’a fallu que quelques secondes pour me les dispenser. Sur l’écran d’ordinateur, veiller à ce que le petit dessin rouge identifié comme Tara ne dépasse pas du cercle vert. Le cas échéant, réveiller Martin, le capitaine. Surveiller également qu’un des boutons rouges (il y en a des tonnes devant moi) ne se mette pas à clignoter, faire du bruit ou je ne sais quoi. Si cela se produit, réveiller Samuel, le chef mécanicien. Juste: ne pas se tromper de cabine et réveiller la moitié du bateau. Facile.
Je ne suis absolument pas rassurée.
Nous sommes en mouillage au large de Sanary-sur-Mer. Pas d’étoiles dans le ciel, l’eau est d’encre. Les lumières de la ville nous entourent mais le sentiment de solitude est immense. Le silence est pesant, ponctué de bruits inconnus, grésillements et autres bip. Régulièrement, dans la radio sur ma gauche, des voix crachotent des phrases inaudibles. Parfois en français, parfois en anglais. Et ça, on ne m’avait p