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Royaume uni

A Liverpool, cent garçons dans le vent

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Plantées dans le sable de Crosby Beach, cent statues en fer de l’artiste Antony Gormley raniment depuis 2005 la côte nord-ouest du pays.
«Another Place», l'installation de l'Anglais Antony Gormley, a d'abord voyagé à travers l'Europe, avant de se fixer à Crosby Beach, occupant un peu plus de trois kilomètres de plage. (Photo Amanda Slater. Flickr)
publié le 3 octobre 2014 à 17h26
(mis à jour le 7 octobre 2014 à 10h03)
On vient à Liverpool principalement pour deux raisons : les Beatles et le football. Le port épuisé du nord de l’Angleterre a beau avoir entamé la transformation de ses docks, accueilli une antenne de la Tate et toutes les enseignes du shopping mondialisé, il reste une destination touristique de seconde zone, une ville pauvre où les briques rouges s’effritent dès que l’on s’éloigne des rues les plus passantes. C’est d’ailleurs là que se trouve son charme débraillé.

Mais, pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un ticket pour le stade d’Anfield Road ou qui préfèrent éviter la visite d’un faux Cavern Club (où les Beatles ont débuté) reconstruit en moche à 30 mètres de l’original, Liverpool cache depuis 2005 l’une des balades les plus atypiques de ce bout de côte anglaise : cent garçons dans le vent marin sculptés dans le fer et plantés dans le sable de Crosby Beach, une plage qui n’avait jusque-là rien pour elle.

Industrie. Un rapide coup de train depuis l'une des gares du centre de Liverpool, en direction du Nord, mène le voyageur à travers un infini de maisonnettes fragiles avec jardinet jusqu'à Waterloo - l'autre -, une petite ville posée au niveau de l'embouchure du fleuve Mersey qui relie Liverpool à la mer d'Irlande. De là, on descend jusqu'à la dune pour découvrir un paysage qui s'éparpille entre industrie et nature nue.

A gauche, devant les premières grues et les premiers hangars qui annoncent le port de Liverpool, un ferry P&O croise vers Belfast ou l'île de Man, doublé par un porte-conteneurs venant d'on ne sait où. Un peu plus loin, un bouquet d'éoliennes tourne sans se forcer. A droite, la lande anglaise commence à se dessiner en même temps que la ville s'éteint. Et partout, sur la plage qui longe ce paysage frontalier, des formes humaines nues au regard, figées face à la mer. Certaines sont proches, d'autres ont déjà de l'eau jusqu'au torse, d'autres encore se confondent avec la sil