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Libération
carnet de bord (10/15)

Rendez-vous avec une étoile

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Première fois depuis Marseille que nous naviguerons sous la lune et je suis de surveillance de 4 à 6 heures du matin...
publié le 7 octobre 2014 à 11h39

Lauréate de la bourse Tara-Libération-Apaj, Clémence Lesacq a embarqué sur la goélette. Elle chronique en direct son périple pour Libévoyage.

Dixième chronique. Nuit de dimanche à lundi 6 octobre. Quart de nuit en pleine mer.

Première fois depuis Marseille que nous naviguerons sous la lune et je suis de surveillance de 4 à 6 heures du matin. Loin des côtes, les quarts de nuit ne sont plus les instants solitaires du mouillage. En binôme avec un marin, il faut éviter l’abordage (1) et prendre régulièrement le pouls de Brigitte et Thérèse, les moteurs. Tara avançant désormais de jour comme de nuit, les deux vieilles filles dans son ventre ne dorment jamais. Leur bruit, assourdissant, rend le sommeil compliqué.

3h50: réveil douloureux. Martin, le capitaine, prend le quart avec moi. A l’entrée du cockpit, nous croisons les scientifiques qui terminent leur mission nocturne. Des cosmonautes aux yeux cernés. Entre chien et loup, dans la lumière crue des spots, la scène a quelque chose d’irréelle.

Bientôt nous ne sommes plus que deux dans la timonerie, seuls maîtres éveillés de la goélette. Il faudra veiller sur les écrans radars et sortir de temps à autre pour être sur qu’un navire non repéré ne croise notre route. Les minutes filent. Tant de choses à faire. Observer, vérifier, échanger, questionner. Apprendre. C’est un moment hors-du-temps, privilégié.

Sur le pont, un spectacle. Les vagues sont noires sous le vent et, si loin sur l’eau, comme oubliée des lumières artifi