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A Vélo

Albanie, une saison en enfer (deuxième partie)

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Nous arrivons transis de froid et de fatigue après deux jours de routes de montagne, un col à 1220 m et 10 km de descente sous la pluie et le vent glacial qui nous laissent les mains congelées et les joues rouges de froid….
(Nicolaï Valente)
par Violette Gentilleau
publié le 21 octobre 2014 à 9h51

Après avoir voyagé en utilisant tous les moyens de transports possibles, Violette Gentilleau, carnettiste et auteure bourlingueuse, décide que cette fois-ci, elle partira de chez elle sur son vieux vélo bricolé. Son compagnon Nicolaï, féru de défis et de nouveau horizons, est aussi de l'aventure. Destination: l'Albanie! Deux mois de voyage à vélo sous les pires pluies qu'aient connu les Balkans depuis un siècle ont laissé bien peu de temps et d'énergie pour écrire ou dessiner, mais quelques impressions du déluge ont réussi à surnager...

Pour tout réconfort, nous ne trouvons que ce morne village ouvrier de Fushe Arrez, noir et crasseux, aux sempiternels blocs d’immeubles staliniens sans âme. La tenancière du bar kafe, froide et muette, aux joues bouffies et aux cheveux aubergine filasse, nous prépare un café turc – et un seul – sur un Butagaz local malgré l’énorme machine à café qui trône sur le comptoir. Impossible d’en avoir un deuxième, pour une raison qu’on ne daigne pas nous expliquer.

Deux vieux jouent silencieusement aux échecs à une table dans le fond. La tenancière finit par mettre une musique turbofolk à fond, gardant son œil froid braqué sur nous, et on décampe en la soupçonnant d’attentat musical. On ne voit que des hommes dehors, comme toujours. Un gamin traverse la route, le haut du corps dissimulé sous une grande poubelle en plastique. La seule activité en cette fin d’après midi diluvienne et plombée est celle des rares minibus qui passent en laissant monter ou d