Et alors, chaud comme une baraque à frites, il lui porta l'estocade sur la plage de Pollara : «Ton sourire se déploie comme un papillon.» Bim. Elle, c'est Beatrice, l'incandescente serveuse du bar de ce bled de pêcheurs, racontant la scène à la tante bigote qui l'élève. Lui, c'est Mario Ruoppolo, facteur véloporté quasi illettré mais néopoète de son état à Salina, l'une des sept îles Eoliennes au large de la Sicile. Comme prévu, la tata burinée frise l'apoplexie : «Quand un homme te touche avec ses mots, il ira loin avec ses mains. Dans un lit, il n'y a aucune différence entre un poète, un prêtre ou même un communiste !» D'autant qu'elle n'est pas au bout de ses surprises : le lover Mario a aussi écrit Nuda, poème olé olé que l'épouvantée mégère subtilisera du soutif de Beatrice où le bout de papier s'apprêtait à couler des jours heureux…
Toute ressemblance avec des faits réels serait fortuite : la scène romantico-comique se déroule dans le film Il Postino (le Facteur, 1994), adaptation par l'Anglais Michael Radford du roman Une ardente patience d'Antonio Skarmeta. Dans les sublimes décors de Salina, Radford a imaginé l'exil italien de l'écrivain chilien Pablo Neruda (Philippe Noiret) rencontrant sur place un pêcheur devenu facteur cycliste (Massimo Troisi) qu'il initiera à l'art de la séduction épistolaire. La belle Beatrice Russo étant interprétée par l'actrice italienne Maria Grazia Cucinotta.
A gauche: la plage