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Maurice, un peu de vert dans le bleu

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Au-delà de la destination farniente et son triptyque «sea, sex and sun», l’île paradisiaque dévoile sa flore grâce à des locaux amoureux de la nature, qui œuvrent pour sa découverte et sa protection.
( Lukas_Litz / Flickr)
publié le 31 octobre 2014 à 17h16
Le bois de natte, dont les gamins récupéraient la colle pour piéger les oiseaux ; le bois d’ébène, qui servait à fabriquer les touches noires des pianos ; le colophane bâtard, dont la résine, à l’odeur de térébenthine, rebute le plus vorace des termites… Loveveena Soofjun, guide de la vallée de Ferney, est intarissable lorsqu’elle décrit les arbres endémiques de cette réserve située dans l’ouest de l’île Maurice. Et son français à l’accent chaloupé ne semble pas effrayer les énormes chauves-souris - des roussettes noires - qui nous survolent en silence.
Peut-on, à Maurice, éviter de bronzer idiot sur la plage d’un palace cinqétoiles, les pieds plongés dans l’eau tiède en sirotant des cocktails ? C’est la démarche proposée par nombre de professionnels du tourisme à la tête de petites structures. Leur objectif : faire découvrir une autre île, nettement plus abordable, qui s’éloigne de la carte postale mille fois dessinée.

Retour en forêt. Après avoir franchi un petit cours d'eau, à l'ombre de ravenales aux palmes en éventail, notre groupe tombe sur un spectacle rare : le bois clou. Il n'en reste qu'une demi-douzaine de pieds sur la planète et tous pointent leur mince tronc dans les montagnes Bambous, où tanguent les collines rebondies de la vallée de Ferney. C'est pour protéger ce sanctuaire rescapé d'un projet d'autoroute que Ciel, un groupe mauricien de «28 000 employés dévoués à travers le monde», a créé le Ferney Conservation Trust. Sur 200 hectares, un grillage protège désormais la zone des quelque 2 000 cerfs sauvages et des touristes indélicats. Soudain, trois crécerelles surgissent de la forêt, piaillant et rasant le sol vallonné. «Come on, come on Pepito», scande Loveveena. Les petits rapaces effectuent encore quelques figures avant d'arracher de leurs serres, en plein vol, le cadavre d'un mulot que leur tend, à bout de bras, la guide.

Fangourin. Effrayant des macaques aventurés en lisière, le 4x4 nous ramène au siège d'une ancienne usine à sucre. Comme beaucoup d'autres à Maurice, l'entreprise a fermé. Ne subsiste plus qu'une «balance», un site de transfert où d'antédiluviens camions Bedford déchargent leur cargaison de cannes. Les roseaux sucrés sont ensuite acheminés dans une usine de transformation encore en activité, près du littoral.

Même reconversion touristique au domaine de Saint-Aubin, plus au sud, à Rivière-des-Anguille