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Libération
Chronique (5/7)

L’oxygène, une aide contraignante

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En mai 2014, l’alpiniste, guide de haute montagne et réalisateur François Damilano est parti en Himalaya pour gravir le plus haut sommet du monde dans les pas de Sophie Lavaud, une alpiniste «amatrice» suisse, rencontrée deux ans plus tôt sur les flancs du Shishapangma (8027 m, Tibet).
François Damilano, derrière son masque à oxygène.
publié le 13 novembre 2014 à 12h34

Cette fois, Sophie Lavaud tentait l’ascension de l’Everest par l’arête nord, versant tibétain au sein d’une expédition organisée par le guide suisse Kari Kobler. Pour François Damilano qui depuis quelques années explore avec sa caméra les motivations des «huit-millistes» amateurs, c’était une opportunité rare de témoigner du huis clos entre prétendants et sommet au pays de l’oxygène rare. «On va marcher sur l’Everest», son film, sera présenté en avant première aux Rencontres du Cinéma de Montagne de Grenoble en novembre (1). En attendant, nous zoomons avec lui sur quelques moments clés de ces deux mois d’expédition.

Episode 5

A l’Everest, la règle veut qu’on apprenne à se servir de l’oxygène seulement une fois qu’on est acclimaté. «Sur l’expédition Kobler, tout le monde a porté le masque dès 7000 mètres d’altitude pour le summit push alors que nous étions tous montés à plus de 7500 m sans oxygène pendant la phase d’acclimatation. Les guides organisteurs estiment qu’à partir du moment où l’on décide de gravir le sommet avec oxygène, il est crucial, pour des raisons de sécurité et de confort, d’en apprendre l’usage avant la très haute altitude.» Pour les tenants d’une éthique plus rigoureuse, au contraire, la spécificité de la très haute altitude et en particulier celle de l’Everest, réside justement dans cette expérience unique de l’hypoxie et de sa gestion. «Ils analysent assez justement la question de l’utilisation de l’oxygène de plus en plus bas sur la montagne comme