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BOUTS DU MONDE

Crimée: l'été radieux

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Quand Eric Broncard et Claire Simondin ont découvert la Crimée pendant l’été 2013, un drapeau russe flottait déjà au-dessus des plages de la mer Noire, à côté de celui de l’Ukraine. Pas de quoi altérer l’insouciance des vacances...
(Eric Broncard)
par Texte: Claire Simondin. Photo: Eric Broncard www.ericbroncard.com
publié le 21 novembre 2014 à 9h16

À Feodosia, le train en provenance de Moscou déversait, presque directement sur la plage, le flot des familles en vacances, assoiffées de soleil et de baignades. Les enfants pataugeaient avec des épuisettes à l’endroit où l’eau était la plus chaude: à la sortie des égouts. Des vendeuses de pirojki, de boissons, de glaces, de ballons se faufilaient entre les parasols et les chaises longues. Les corps s' exhibaient sans complexes dans des tenues parfois burlesques, sous le soleil, exactement. Femmes aux chairs avachies et vieillards flétris, jeunes filles splendides, aux jambes interminables, dévorant des yeux les jeunes torses masculins, musclés, hommes au bidon de buveurs de bière...

On en brassait une excellente, d’ailleurs, à Kertch. C’est, je crois, la seule ville au monde dont la gare routière abrite un tumulus antique, qu’on peut visiter en attendant que le machroutka se remplisse, c’est-à-dire qu’on ne sait pas trop de combien de temps on dispose. Kertch est situé tout au bout de la péninsule, là où il suffirait de construire un pont pour passer en Russie. Cette bière, donc, se déclinait en blonde, brune ou rousse, et la brasserie se nommait «Le pingouin», peut-être parce que le célèbre écrivain ukrainien, Andreï Kourkov, y avait ses habitudes.

Dans le port hérissé de treuils stationnait un énorme cargo turc, des adolescentes éméchées vomissaient derrière la baraque du vendeur de boissons.

Depuis Kertch on pouvait se rendre en machroutka, sur une piste brinquebalante, dan