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WORKING NOMADE

Ma nuit sous les verrous

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J’ai regardé mes escarpins. J’ai regardé par le hublot. J’ai regardé les moon-boots de mon voisin. J’ai de nouveau vérifié par le hublot. La triangulaire éclata soudain à mes yeux. J’allais atterrir en Suède avec des talons hauts...
Vue de l'hôtel Nya Varvet Studios à Göteborg.
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publié le 28 novembre 2014 à 9h55

Baroudeuse en stiletto et sac à dos, je vous emmène dans mes périples de business-voyageuse à la découverte de petites perles qui égayent le quotidien des businessmen stressés, femmes d'affaires pressées, globe-trotteurs invétérés, à qui il manque l'adresse qui rendra leur journée un peu plus belle.

J’ai regardé mes escarpins. J’ai regardé par le hublot. J’ai regardé les moon-boots de mon voisin. J’ai de nouveau vérifié par le hublot. La triangulaire éclata soudain à mes yeux. J’allais atterrir en Suède avec des talons hauts... Un joli tailleur d’hiver. Par douze degrés en dessous de zéro selon le commandant de bord. Et quelques perturbations météorologiques possibles de type neige et vent dans la journée...

J’appuie sur le bouton d’alerte. Une hôtesse arrive. Je commande un chocolat chaud. Je poursuis avec un thé. Je termine par un café. Il nous reste dix minutes avant le désarmement des toboggans. Le paysage vu du ciel ressemble à une grande étendue blanche et laiteuse, vide et gelée. Je suis d’avance frigorifiée.

Derrière les baies vitrées de la passerelle au sortir de l’avion, je vois la bise et les flocons s’entremêler dans une danse effrénée et créer un voile opaque et dense. Toutes les silhouettes autour de moi sont affublées de tenues de combat. Je suis celle qui prend le moins de place et qui reçoit des coups de coudes molletonnés pour récupérer sa valise.

Mon collègue hèle mon prénom. Je ne l’avais pas reconnu. Ils sont si nombreux. Une foultitude de p