Quartier juif à partir de 1737, le Scheunenviertel - «le quartier des granges» - est dominé par la coupole dorée de la très belle synagogue dont seule la façade a survécu aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale. On y trouve encore un cimetière juif, l’école des garçons devenu le lycée juif de la ville et quelques boutiques casher.
Culture. A la veille de la guerre, la communauté comptait 175 000 membres, certains installés là depuis 1671. Avec les pogroms en Russie au début du XXe siècle, Berlin était devenu un important centre pour les juifs en transit vers les Etats-Unis. «Beaucoup de ceux qui étaient trop pauvres sont restés dans ce quartier surpeuplé, gangrené par la tuberculose», explique l'historien Erik Natter qui vit dans le quartier. Misères, vexations, persécutions diverses puis la «solution finale». En 1945, ils n'étaient plus que 1 700 rescapés du nazisme. Aujourd'hui encore, le quartier témoigne de la richesse culturelle de la communauté juive d'avant la guerre.
Ce quartier contraste avec le reste de la ville. Berlin est une ville tentaculaire, étendue comme Paris et sa petite couronne. Les sites incontournables sont par chance regroupés autour de la Porte de Brandebourg et du Reichstag (indispensable, la visite de la Coupole, pour la vue), de l’Alexanderplatz et de l’Ile aux musées, qui rassemble les principales collections de la ville. C’est le Berlin des avenues vastes et interminables, à parcourir en vélo.
Pour notre promenade, au contraire, les rues sont étroites et souvent sinueuses ; de petits jardins sont plantés de-ci, de-là ; les immeubles comptent en moyenne deux à trois étages et de nombreuses arrière-cours qui abritaient jadis de petits ateliers de confection, de fourrure ou de travail du métal.
La nouvelle synagogue. Crédit: Bernt Rostad / Flickr
Cabaret.
La Sophienstrasse, sur la gauche, est une rue typique du quartier. Au numéro 21, ne ratez pas la maison d’Erika Hoffmann, installée dans d’anciens locaux industriels transformés en lofts. Cette vieille dame, qui a constitué au fil des ans une remarquable collection d’art contemporain, ouvre chaque samedi sa très belle maison et la fantastique collection de peinture qu’elle a constituée avec son époux décédé, Rolf, aux amateurs d’art qui ont pris le soin d’annoncer leur venue.
La promenade se poursuit vers la Augustrasse. Au numéro 49, Christine Birkle, la créatrice de «Hut Up», tient son surprenant atelier de mode à base de feutrine. Ses créations sont étonnantes: manteaux, robes, robes de mariées et même de très beaux doudous. Chaque pièce est unique et entièrement fait main, dans les tons pastel ou de couleur vive, à base de laine, de soie et de coton… Au numéro 11 de la Auguststrasse, l’ancienne école juive des filles a rouvert en 2012, mais en tant que centre culturel, vaste complexe de 3 300 mètres carrés qui abrite trois galeries d’art et deux restaurants dont un casher.
Havre de paix. A côté, un passage sous une porte cochère vous mène vers la Oranienburger Strasse, la plus animée du quartier, avec la ruine du Tacheles, ancien grand magasin converti en centre culturel alternatif à la chute du Mur et aujourd'hui fermé au public mais toujours aussi photogénique. Au milieu de ce passage qui débouche à côté de la synagogue vous attend un havre de paix, une petite cour pavée plantée d'arbres, entourée de boutiques et de petits cafés.
La Auguststrasse vous réservera aussi de belles soirées avec le Clärchen Ballhaus, un établissement centenaire et unique en son genre, qui invite à danser jeunes et moins jeunes dans une ambiance bon enfant après avoir dégusté une des délicieuses pizzas maison, sous les tilleuls de la cour.