En Dalmatie, Split et Dubrovnik déploient leur splendeur le long de la côte Adriatique. Centres historiques fortifiés semés de ruines à ciel ouvert, dédales de ruelles pavées de marbre blanc et vie nocturne trépidante en font des étapes incontournables pour qui souhaite découvrir la Croatie. Ces cités balnéaires voient ainsi débarquer chaque jour, venus d’immenses paquebots, des croisiéristes par milliers. Agoraphobes s’abstenir… A moins qu’il ne soit possible de profiter de leur beauté séculaire tout en s’affranchissant de l’agitation ambiante ? Suivez le guide !
Marjan, la banane à Split
Prononcez «Marianne», bien que ce prénom typiquement croate soit masculin, pour désigner cette colline verdoyante de 300 hectares qui domine la péninsule de Split. En son sommet, le visiteur semble être au bout du monde. Le centre-ville n’est pourtant qu’à quelques encablures.
Au début, la pente est raide mais l’on est bientôt récompensé: à mesure que l’on prend de la hauteur, se dessine un agréable point de vue sur les toits de la ville, la Méditerranée et son archipel d’îles (Brač, Hvar, Vis et Šolta). Le vacarme s’estompe progressivement. Le feulement des chats fait progressivement place au pépiement des oiseaux.
Le sentier se poursuit en pente douce au beau milieu d’une pinède, serpente entre un jardin botanique abritant près de 400 espèces végétales protégées, un cimetière et un zoo miniature. Deux heures environ suffisent à atteindre son point culminant, Telegrin, 178 mètres plus haut. De là, un panorama à 360 degrés laisse admirer la péninsule azur ourlée de sable blanc.
Pour redescendre, empruntez l’un des nombreux chemins qui rejoignent puis longent la côte où une myriade de criques isolées se prêtent à la baignade.
Lokrum, Dubrovnik insulaire
A quelque 600 mètres du littoral dalmate, l’île s’étend sur 2 kilomètres de long et 500 mètres de large. Pour l’atteindre, un bac réalise la navette toutes les demi-heures. Et en haute saison, nombreux sont les autochtones à fuir la cité surpeuplée pour profiter de son cadre enchanteur.
Son nom, du latin acrumen ou «fruit amer» fait référence à la tradition de culture botanique remontant au XIe siècle, époque à laquelle les bénédictins s'y établissent et y font bâtir un monastère et élever une basilique - ces bâtiments sont toujours visibles quoique endommagé par le séisme de 1667.
L’île demeure abandonnée entre 1798, lorsque les moines sont forcés de quitter les lieux, et 1806 où elle est occupée par l’armée napoléonienne. En son point culminant (91 mètres), les Français entreprennent la construction de Fort Royal. Le sentier qui y mène est plutôt abrupt mais l’on y bénéficie d’un panorama à couper le souffle.
En 1859, Lokrum est rachetée par l’archiduc Maximilien de Habsbourg et sa femme Charlotte. Après avoir rénové le monastère en ruine afin d’établir leur résidence d’été (devenu un musée retraçant l’histoire de l’île), ils consacrent une bonne partie de leur temps, suivant la tradition bénédictine, à entretenir un luxuriant jardin de verdure, avec notamment des spécimens importés d’Australie ou d’Amérique du Sud.
Classée réserve naturelle depuis 1964, la végétation de l’île, hors du commun, mérite à elle seule le détour - forêts de pins, cyprès, chênes ou lauriers roses côtoient espèces tropicales rares.
La baignade demeure toutefois l’activité la plus prisée des visiteurs. S’il n’existe aucun banc de sable, de nombreuses plages naturelles se succèdent au creux de la roche. Plusieurs d’entre elles sont équipées d’échelles et un petit coin est même réservé aux nudistes. Tout a fait au Sud, un lac salin dit de la mer morte dont les eaux chaudes sont directement alimentées par la mer.