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Libération
Balade fluviale

Lyon, au fil de la Saône

Courts séjours en Francedossier
La journée commence (à jeun) au musée des Confluences, tête de proue du nouvel écoquartier éponyme.
A la pointe de l'île Barbe, au nord de Lyon. (Bruno Amsellem. Signatures)
publié le 25 mai 2015 à 17h26

«Lyon est une ville arrosée par trois grands fleuves: le Rhône, la Saône et le beaujolais, qui n'est jamais limoneux, ni à sec», disait l'écrivain Léon Daudet, fils d'Alphonse (par ailleurs réac notoire et fondateur de l'Action française). Oublions le Rhône, souvent personnifié comme un vigoureux mâle venu des glaciers, barbu et impétueux, et prenons la Saône, symbolisée depuis Sénèque par une belle femme alanguie, indolente. C'est au fil de sa lenteur proverbiale que nous laisserons le beaujolais s'instiller. Notre horizon : les guinguettes de Rochetaillée.

La balade commence (à jeun) au musée des Confluences, tête de proue du nouvel écoquartier éponyme. De face, cette prouesse architecturale, livrée avec dix ans de retard, ressemble à un vaisseau spatial tout droit sorti de Star Trek ; de côté, à un énorme tatou carapaçonné d'acier et de verre. Dédié aux sciences et aux sociétés, il présente notamment jusqu'au 26 juillet l'exposition «Dans la chambre des merveilles», qui puise dans sa vaste collection de cabinets de curiosités. Pour un café ou un croissant, testons le Comptoir gourmand, la caféria du lieu, dotée d'une superbe terrasse.

A un arrêt de tram du musée se trouve la marina, où se dandinent quelques yachts blancs et péniches ventrues. C’est le point de départ du Vaporetto, une petite navette fluviale aux longs bancs de bois vernis, style années 1950. La demi-heure de cabotage fait défiler le Vieux Lyon, entre monuments emblématiques, façades orangées à l’italienne, ponts et bas ports.

Berges. A bâbord, la basilique Notre-Dame dressée sur la colline de Fourvière, première implantation romaine de la ville. Puis la cathédrale Saint-Jean, le palais de justice historique et les édifices Renaissance. A tribord, après la presqu'île et ses immeubles XIXe, se dessine la Croix-Rousse, le Lyon des canuts et des traboules. Nous voilà à Saint-Paul, quai Pêcherie. C'est le moment de faire quelques courses pour le pique-nique.

Remontons à pied le quai Saint-Vincent par la voie piétonne sur berge. Arrivés au pont du Maréchal-Koenig, on s’arrête à la station de vélos en libre-service, puis on pédale dix bonnes minutes au raz de l’eau jusqu’à Caluire-et-Cuire. On raccroche notre biclou à la station de la place de la Rochette (la dernière dans cette direction).

Voici la minuscule île Barbe, exquise pour la pause déjeuner. Il y a un terrain de pétanque (prévoir ses boules), une pelouse avec des tables et des jeux pour enfants. Dégainons saucisson, pain, tomates, œufs durs et flacon de rouge (ou bien tapenade d’ortie, graines de lin, fenouil cru et jus de pommes non filtré). Pour les amoureux-ses, la pointe de l’île offre quelques bancs intimistes. Ceux qui n’apprécient guère de partager leurs miettes avec les fourmis iront à l’Auberge de l’île (Relais et châteaux). Ici, même les carrés de sucre servis au café sont faits maison.

Terrasses. Après avoir succombé à une sieste dans l'herbe, reprenons la marche. Comme la voie sur berge disparaît jusqu'à Fontaines-sur-Saône, il faut se rendre sur l'autre rive, au-delà de l'île Barbe. Là, un parcours d'une bonne heure par les petites rues des Monts-d'Or (quai Carrié, chemin de Rochebezon, rues du Port, Clemenceau et Joffre…) nous amène au passage à niveau de Collonges.

Traversons de nouveau la Saône, cap à gauche vers la voie sur berge qui replonge le long de la rivière. Les terrasses des guinguettes se profilent comme autant de balcons sur l’onde. Plus loin, des transats en teck sont plantés dans une prairie. Et c’est déjà l’heure de l’apéro. Pour accompagner notre ballon de blanc, laissons-nous tenter par une grignote tout en légèreté (un demi-Saint-Marcellin affiné ou une friture d’éperlans et ablettes).

Depuis le pont de Fontaines, le bus 40 (un à trois passages par heure le week-end) nous ramène en une demi-heure au centre de Lyon. Pour le dîner, on s’attablera au Diplomatico, une brasserie chic dotée d’un bar à cigares à l’étage. Ou juste de l’autre côté du quai des Célestins, à la buvette Saint-Antoine, où un écailler propose huîtres et autres fruits de mer frais.

Retour à Confluences pour une session clubbing. Sur le chemin du Sucre, le rooftop de la Sucrière (un entrepôt transformé en haut lieu de la culture contemporaine), on dépasse l’îlot P, feu d’artifice architectural sous influence tokyoïte. Au menu des week-ends de juin, juillet et août du Sucre, les soirées «XIII de France», avec la crème de l’electro hexagonale, et «Black Summer», des nuits disco, hip-hop et afrobeat. L’été ne sera pas un long fleuve tranquille.