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Libération
Hawaï

«Obama Beach»

Honolulu, à 12 000 km de Paris, est célèbre pour ses plages et son ambiance. Mais aussi pour avoir vu grandir le président des Etats-Unis.
Obama dégustant une «shave ice» à Hawaï, le 26 décembre 2008. (Photo Tim Sloan. AFP)
publié le 25 mars 2016 à 17h11
(mis à jour le 30 mars 2016 à 9h12)

«On ne peut pas comprendre vraiment qui est Barack sans comprendre ce qu'est Hawaï», a un jour déclaré Michelle Obama. Chaque année, le plus tendance des couples présidentiels vient passer des vacances sur Oahu, la plus développée des îles de l'archipel. Des criques reculées aux chemins de randonnées, sans oublier les pavillons du quartier natal d'Obama et le glacier où il travailla un été, tour d'horizon de ses lieux préférés.

Route 72 : plongée et bodyboard

Oublié, Honolulu, sa foule, ses boutiques et ses grands hôtels dépourvus de charme. Quand le président américain et sa famille veulent piquer une tête dans le Pacifique, c’est Hanauma Bay ou Sandy Beach qu’ils choisissent.

En quittant Honolulu, vers l’est, une fois passé le cratère de Diamond Head qui semble veiller sur la ville effervescente, on embarque sur l’une des plus belles voies de l’île qui serpente le long de la côte. La route 72 est aussi appelée Kalaniana’ole Highway, du nom de l’un des derniers princes avant le renversement du royaume par les Américains en 1893. Elle longe d’abord le quartier résidentiel d’Hawaï Kai et ses superbes villas avec vue sur l’océan, qui attirent les vacanciers fortunés du monde entier. Un peu plus loin, au détour d’un virage, s’offre soudainement le lagon turquoise de Hanauma Bay, le plus célèbre spot de plongée avec masque et tuba de l’île.

Fin décembre, Obama y emmenait de nouveau ses filles pour clore l’année 2015 en beauté. Anse d’un turquoise lumineux lovée au creux d’une falaise volcanique sombre et escarpée, la petite crique bien connue des locaux comme des visiteurs est encore plus impressionnante vue d’en haut. Car une fois en bas, l’eau cristalline et les poissons multicolores qui nagent à quelques mètres du rivage ne parviennent pas à faire oublier à quel point les récifs coralliens sont menacés par le tourisme de masse.

De retour sur les sinuosités de la route 72, on découvre d’abord le Lanai Lookout,belvédère surplombant les vagues qui viennent tour à tour lécher ou fouetter la roche acérée. Quand la mer est calme, on discerne parfois au loin des baleines à bosse. Peu importe l’angle ou l’appareil, la photo ne peut qu’être parfaite. Décoiffé par les bourrasques, on comprend soudain pourquoi l’île a inspiré de grandes plumes telles que Mark Twain, Jack London ou Herman Melville.

Plus loin, alors que se dresse sur la gauche le cratère de Koko Head et ses mille et quelques marches, apparaît sur la droite la grande plage de Sandy Beach. Longue étendue de sable blanc, elle aurait presque un goût de cliché «carte postale» si le vent ne lui donnait son caractère et sa force. Ses vagues et ses rouleaux sont parfaits pour le surf, sport national, ou le bodyboard (se pratiquant sur une planche plus courte et flexible), dont Obama est un adepte. Les autorités locales ont même songé à renommer l'endroit «Obama Beach» avant d'abandonner le projet devant le peu d'enthousiasme parmi les locaux. Sur l'herbe, près des tables de pique-nique, un food truck, camion restaurant, sert des crevettes frites à la noix de coco, un classique de l'île.

La vallée de Manoa : havre de fraîcheur

Bodyboard ou pas, les vacances des Obama à Hawaï sont toujours sportives. Les randonnées dans les montagnes et les volcans de l’archipel sont pour eux des rituels. A commencer par la vallée de Manoa, derrière l’université du même nom, qui accueillit en 1959 son premier étudiant africain, le père d’Obama. C’est sur ce campus qu’il rencontrera Ann Dunham, alors étudiante en anthropologie et future mère de Barack. Souvent plongée dans une brume presque mystique, la vallée classée «réserve naturelle» constitue un havre de fraîcheur qui contraste joliment avec le littoral ensoleillé et trépidant. Sur les sentiers balisés, on semble à mille lieux des gratte-ciel et des grandes artères de Honolulu qui ne sont pourtant qu’à quelques pâtés de maisons. Le plus célèbre, le Manoa Falls Trail, n’a rien d’un exploit sportif : la balade n’excède pas les quarante-cinq minutes. Mais le silence y est d’or, troublé uniquement par le murmure du ruisseau et le chant du passereau local, le cardinal à huppe rouge. Le chemin, rendu boueux à certains endroits par la pluie tropicale, s’enfonce entre les imposants figuiers des banians, les goyaviers et les eucalyptus.

Sur la Makiki Valley Loop Trail, boucle de 1,8 kilomètre moins fréquentée que la précédente, c’est une nature plus luxuriante et plus dépaysante encore qui accueille le promeneur. La mousse recouvre les pierres, les lianes semblent tomber du ciel et les bambous se dressent comme des soldats au garde-à-vous. C’est ici que Barack Obama est venu, avec famille et amis, se balader lors de ses dernières vacances de Noël.

Makiki, le quartier natal authentiquement américain

Retour à la ville. Non pas celle des touristes, mais celle des petits pavillons, du calme résidentiel et des nombreuses églises protestantes. S’il n’offre pas d’autre attraction touristique que les lieux qui ont vu grandir celui qu’on appelait à l’époque «Barry», Makiki est un quartier authentiquement américain. Le pèlerinage peut commencer sur Waiola Street, devant le collège Washington Middle School où le jeune Obama, futur joueur de basket-ball, aurait fait ses premiers dunks. Un gardien bedonnant arrose la pelouse, des collégiens en uniforme se bousculent en riant.

A droite sur l'avenue Punahou, on passe devant un Jack in the Box, célèbre chaîne de fast-food, un magasin de pièces détachées et, juste avant de traverser le pont qui enjambe l'autoroute H1, on jette un regard au Kapiolani Medical Center, où Barack Obama a poussé son premier cri le 4 août 1961. En face du petit square ombragé de Punahou, se trouve le lycée du même nom. Construit en 1841 par des missionnaires de Nouvelle-Angleterre qui ne voulaient plus envoyer leurs enfants sur le continent pour leur éducation, il devient au XXe siècle l'un des meilleurs du pays. Si d'autres personnalités l'ont fréquenté, tel le révolutionnaire chinois Sun Yat-Sen, Obama est l'ancien élève le plus célèbre. Sa famille habitait le quartier.

Last but not least,le glacier Baskin-Robbins sur South King Street, où Barack Obama fut employé quelques mois. «J'ai entendu dire qu'il aurait mangé trop de crèmes glacées cet été-là, jusqu'à en frôler l'overdose. C'est pour ça qu'il ne mange plus maintenant que de la shave ice [glace pilée très populaire à Hawaï, ndlr]»,raconte, amusée, une jeune employée.