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Libération
France

Par ici le détour

Bars clandestins, expositions curieuses ou lieux éphémères… Alors que l’on croit tout connaître de la capitale, elle recèle toujours de nouvelles curiosités.
A picture taken on May 24, 2016 in Paris shows an employee at work to cover the Louvre Pyramid with a giant photograph of the museum by French artist and photographer JR. Invited by the Louvre, the artist intends to tranform one of the Louvre’s symbols, the Pyramid, into a monumental optical illusion with "a surprising anamorphic image", according to the museum. / AFP PHOTO / JOEL SAGET / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY MENTION OF THE ARTIST UPON PUBLICATION - TO ILLUSTRATE THE EVENT AS SPECIFIED IN THE CAPTION (AFP)
publié le 17 juin 2016 à 17h51
(mis à jour le 23 juin 2016 à 8h59)

Paris, ses monuments, sa Seine, ses musées… Comment se laisser surprendre encore ? Expo perchée, galerie truculente, comptoir cachottier et resto en marge, la capitale sait se renouveler sans cesse. Balade dans ses recoins, ses marges et ses périphs.

Dans un musée. Même si c'est un des musées phares, un des piliers touristiques de la capitale, le Quai Branly a toujours l'art d'étonner et il est bon de venir voir ce qui se cache derrière ses totems papous. Car au-delà des permanents, résidents bien établis, se profilent les temporaires, les curiosités de passage. Ainsi, si l'on emprunte la rivière de mots jusqu'au premier étage, l'exposition «Persona, étrangement humain» entraîne les visiteurs, jusqu'au mois de novembre, dans un curieux cabinet de curiosités.

Chasseurs de fantômes, bombes à sorcières, pièges à fées, faune martienne ou machine à peser les âmes… Elle dresse un fascinant panorama de toutes ces figures qui ont peuplé et peuplent nos imaginaires et nos alentours.

Derrière un lavomatic. Autre lieu dédié à ces contrées imaginées et véritable remède contre l'ennui, la Slow Galery est un joli petit bijou, entièrement consacré aux arts graphiques et à l'illustration. Située dans le quartier d'Oberkampf, entre les murs d'une ancienne pharmacie, elle regroupe une série d'artistes émergents, beaucoup de figuratif et d'onirique, poissons pêcheurs et mondes mystérieux, tout cela à des prix très accessibles. On peut s'installer dans son petit café pour prendre le temps de flâner. Car si l'espace paraît petit au premier abord, l'invitation au voyage, elle, est vaste.

Mais avant de se laisser engloutir par l'infiniment grand et les puissances de l'imagination, une virée à République est aussi l'occasion d'aller tester un de ces «speakeasy».

Planqués derrière un lavomatic, la chambre froide d'un restaurant ou une entrée d'hôtel, les bars cachés sont à la mode, un clin d'œil au début du XXe siècle, à l'époque sulfureuse de la prohibition et des troquets clandestins, où l'on devait chuchoter pour ne pas se faire entendre (d'où leur nom «speakeasy»).

S’ils n’ont plus rien d’illégaux, mais ils offrent une partie de cache-cache bien réelle, celle où il s’agira de trouver le bar. Comme celui de la Mezcalaria (13, boulevard du Temple). Pour y accéder, il faut suivre le lutteur masqué (on ne l’a pas vu personnellement) posté à l’accueil, traverser les cuisines et se laisser entraîner dans les profondeurs pour atteindre une salle éclairée d’une croix, et plonger dans une ambiance intimiste.

Sous le périph. Finissons dans les franges, là où le Grand Paris sommeille encore. Sur le béton de ces marges, quelques nouveaux lieux ont fleuri. Ici, on recycle, on ressource, on invente, comme à la Recyclerie, cette ancienne gare de la porte de Clignancourt, reconvertie en place tendance, café-cantine, ferme urbaine et tiers lieu, où trouver pêle-mêle des ateliers de yoga, de réparation, des ventes de panier de légumes…

Un peu plus loin, porte de la Villette, sous un pilier du périphérique, là où les voitures règnent en maître, un hangar improbable : c’est le Freegan Poney, un squat en suspens. Fermera, fermera pas, l’adresse paraît à présent sauvée. Car l’intention de ce lieu interlope, solidaire et engagé est noble : récupérer et cuisiner les invendus de Rungis, transformer ces rebuts en magnifique purée et autre salade. Là encore l’obscurité est de mise pour brasser une clientèle familiale, bobo et alternative qui partagent une même table. La déco fait elle aussi dans la récup : vieux fauteuils en cuir, meubles en bois sur un décor de parpaing et de briques. Dans ce lieu expérimental, libre à chacun de donner ce qui lui plaît. Espérons donc qu’elle se maintienne, car si l’assiette reste frugale, l’initiative vaut à elle seule le détour.