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Libération
Reportage

100 mars: l’écologie toujours debout

Le 8 juin, le mouvement Nuit Debout fêtait son 69e jour d’existence. Le développement durable s’est mêlé aux manifestations, proposant plusieurs activités sous l’aile de son manifeste.

(Floréane Marinier DR)
Par
Floréane Marinier
Publié le 23/06/2016 à 10h56

Depuis le 31 mars 2016, le mouvement Nuit Debout issu de la lutte contre le projet de loi Travail s’installe chaque soir place de la République. Dès lors, il a été décidé de ne pas changer de mois : d’où le 100 mars, 69e jour d’installation. La commission Écologie-Développement durable a posé ses filets, sa bâche et son «Jardin debout» une semaine plus tard, le 10 avril. Au menu : des débats presque tous les soirs, sur des thèmes divers et variés, organisés par les sous-groupes (énergie, antispécisme, agriculture…) et les intervenants.

Fabriquer son propre dentifrice, optimiser les vers de terre, construire un four solaire… Chaque dimanche, des ateliers sont mis en place. Sous la pression des autorités, le «Jardin debout» a fait place à une grainothèque le 17 avril. «On donne des graines aux gens pour qu’ils les plantent chez eux», explique Fanny, 41 ans, journaliste et réalisatrice. Soigneusement disposées dans de petites enveloppes, les graines n’attendent que d’être emportées pour être plantées.

Le manifeste d’Écologie Debout, écrit via une plateforme collaborative, touche l’environnement global mais aussi celui des grandes villes. Les propositions concrètes s’accumulent. «On a dédié un week-end à l’agriculture urbaine, fait des ateliers récup’. On veut aussi que les transports publics soient gratuits», déclare Fanny. Que peuvent faire les Parisiens dans tout cela ?

«Aujourd'hui, 10 millions de logements sont énergivores», décrit Philippe, 59 ans, animateur du groupe «100 % renouvelable». Un citoyen lambda peut déjà «commencer par établir un diagnostic de performance énergétique» afin d'évaluer son impact sur les gaz à effet de serre. Pour éviter que l'électricité ne foudroie l'environnement, on opte pour «des panneaux photovoltaïques (en réseau, sinon il faut des batteries) ou thermiques (qui chauffent de l'eau stockée dans un ballon)». Et pour que le thermostat n'agrandisse pas le trou de la couche d'ozone ? «On peut utiliser des poêles à bois, la géothermie de surface, le réseau de chauffage urbain ou la géothermie profonde.» L'embarras du choix.

Philippe salue toutefois les quelques initiatives prises par la Ville de Paris : «la ligne de bus électriques 341, une zone de logistique dans le 18e, «156 durable», les Autolib'…». ERDF s'est aussi engagée à n'utiliser que des énergies renouvelables. Mais Nuit Debout tient aussi à se dresser contre les véhicules polluants, en demandant que tous ceux produits en France proviennent d'énergies renouvelables et bénéficient de l'écoconception. Utopiste ? Réaliste, selon le quinquagénaire agréé par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) : « C'est à portée de main, mais il faut se soustraire à la pression des groupes multinationaux, en finir avec leur loi du profit pour le profit. […] On ne cherche plus les technologies : on les a ! Maintenant, il faut faire des choix.»

Article extrait du blog des élèves de la promo 2016 de l'Institut de journalisme de l'Ecole Multimédia leparisecolo.fr