En 1988, Jacques Chirac, maire de Paris, promet que les Parisiens pourront se baigner dans la Seine à lʼissue de son mandat, en 1994. Promesse non tenue: depuis lʼarrêté préfectoral de 1923, il est toujours interdit de piquer une tête dans le fleuve de la capitale. Mais lʼidée refait surface dans le plan dʼAnne Hidalgo pour les JO 2024. Rencontre avec Romain Gonzalez, un jeune journaliste qui teste
[ les baignades les plus improbables de la capitale. ]
Comment vous est venue lʼidée de sauter dans la seine? Est-ce pour défier Chirac qui disait que l’on pourrait se baigner dans la Seine à l’issue de son mandat en 1994 ?
Jʼai toujours eu envie de me baigner à Paris, en partie parce que la plage me manque (je viens de Bordeaux), également parce que jʼai toujours exécré cet hygiénisme qui conduit la population à avoir peur de tout: des miasmes dans le métro, des couverts tombés par terre, etc. Je nʼai pas spécialement voulu défier Chirac, mais cʼest vrai que son propos de 1988 ne fait que révéler – une fois de plus – à quel point les décideurs politiques peuvent raconter nʼimporte quoi dans le but de plaire à la population. Ce quʼon appelle basiquement la démagogie.
Racontez-nous votre expérience ?
En ce qui concerne le fleuve parisien, je suis resté à peu près cinq minutes, le temps de faire quelques brasses, sans trop m’éloigner de la rive, le courant étant quand même assez fort – j’avoue, de plus, mʼêtre baigné vers 8 heures du matin alors que je rentrais de soirée avec des amis, donc je nʼétais pas vraiment en possession de tous mes moyens. Je pense quʼon peut tout à fait se baigner dans la Seine aujourdʼhui, même si, à cause du courant et du passage de bateaux, le mieux reste le canal de lʼOurcq, bien plus calme.
Avez-vous été malade après cette baignade parisienne ?
Je nʼai absolument pas été malade, non. Et tous ceux qui ont déjà nagé dans la Seine vous le diront. Certes l’eau n’est pas celle des Caraïbes. Elle est sale et très froide, et les coliformes fécaux sont présents. Mais je n’ai attrapé ni gastro-entérite ni méningite et encore moins eu une septicémie. Et devinez pourquoi. Tout simplement parce que j’ai fermé la bouche avant de piquer une tête!
Après avoir testé tous les endroits insolites de Paris où l’on peut se baigner, la Seine a été votre plus belle expérience selon les notes que vous avez attribuées (8/10). Pourquoi ?
En effet, j’ai octroyé la note de 8/10 au fleuve parisien tout simplement parce qu’il était sans doute le plus «propre». Je regardais au fond de la Seine avec mon masque de plongée, et rien d’apparent. Ni poissons ni déchets. Mais en ce qui concerne les lacs des parcs parisiens, ils sont simplement répugnants, de par la présence dʼune eau stagnante. Pour le canal Saint-Martin, on va dire que le je-mʼen-foutisme des gens qui balancent leur canette dedans n’arrange pas la situation.
Si cette expérience était à refaire, vous hésiteriez ?
Absolument pas. Après, le contexte s’y est prêté fortement. J’étais avec une amie, on sortait de soirée. Il suffisait d’être légèrement éméché pour sauter dans la Seine [rire].
Mais nous avons passé un très bon moment. Espérons que Paris obtiendra les JO 2024. En attendant, n’ayez plus d’a priori et faites-vous votre propre opinion. Plongez !
Pour toute expérience, contactez le Laboratoire des baignades urbaines expérimentales.
Article extrait du blog des élèves de la promo 2016 de l'Institut de journalisme de l'Ecole Multimédia leparisecolo.fr