«Comment peut-on mourir pour des arbres ? J’ai une conscience écocitoyenne ancienne, je l’ai acquise de mon père, mais est-ce que j’étais prête à mourir pour un arbre… La réponse était non. Donc j’ai voulu en savoir plus sur ces 363 Bishnoïs (membres d’une communauté vishnouite surtout présente dans l’Etat du Rajasthan) qui s’étaient sacrifiés pour sauver les arbres qui devaient être coupés pour restaurer le palais du maharajah. Sur Internet, je découvre la liste des victimes de ce massacre datant de 1730. Ce fut un coup de foudre pour ces écologistes de la première heure.
«Je me souviens de mon arrivée au village natal de Djambo Ji (en 2009), le père fondateur du bishnoïsme à Pipasar. Il faisait extrêmement sec au Rajasthan, c’était en juillet, il n’avait pas plu depuis des semaines et soudain, il y a eu des trombes d’eau. Quand je suis allée sur le lieu du massacre à Khejarli, il y a eu une grosse averse. Je ne sais pas s’il faut y voir un message, mais cela m’a donné beaucoup d’énergie pour écrire.
«Par exemple, il y a beaucoup de cobras au Rajasthan, ils pullulent. Eux ne les tuent pas. Mais ils ne prolifèrent pas, car ils élèvent des paons et les paons font le ménage, ils tuent les cobras. Du coup, il ne reste que la petite quantité qui permet le juste équilibre avec les autres espèces. En fait, ils s’arrangent pour que la nature fasse son boulot. C’est très simple ! Il y a un équilibre à trouver et, dans le fond, toutes nos sociétés actuelles cherchent la notion d’équilibre. Et ce qui est intéressant dans la communauté bishnoï, c’est ce message : tout acte a une conséquence ; et j’ai vu, au quotidien, des gens qui, dans tous leurs actes, pratiquaient ce respect du vivant, du non-vivant et de la chaîne qui fait que la nature peut se perpétuer.»