Il y a au moins deux manières de faire de la géographie : se coltiner la rugosité du monde par le voyage, ses surprises, ses emmerdes ou faire comme Kant, de la géographie en chambre. Sauf que cette deuxième solution risque de rendre crétin quand on en abuse. France 5 diffuse un grand jeu de cartes postales et de musique de supermarché pour enrober l'Ouest américain d'une épaisse couche de «mythes».
Avec des «contraintes naturelles surmontées» par les hommes dans le plus pur déterminisme, donnant un chapitre du Livre de records (la moitié des fruits et légumes produits aux Etats-Unis, le lac Powell et ses 3500 km de côtes, le mariage et le divorce dans la même journée à Las Vegas…). Mais le clou, c'est le couplet sur le grandiose, le gigantesque, le profond (au fond du Grand Canyon, des roches de 2 milliards d'années). Cette question d'échelle, posée aussi à Niagara, c'est un regard construit par des Européens il y a deux siècles. Une rengaine facile à démonter. Imaginons le Grand Canyon comme une agglomération peuplée de deux millions de personnes comme en Chine où les paysages ne sont pas moins grandioses, l'effet de taille fait plouf ! Et si le charme de l'Amérique, c'était d'être vide ?