Certains se plaisent imaginer que ce sera peut-être le premier modèle de décolonisation réussi français. En 2018, les Calédoniens devront se prononcer par référendum sur l’accession à la pleine souveraineté. Cela fait plus de trente ans – depuis les accords de Matignon — que les Kanaks s’y préparent. Leur méthode océanienne de résolution des conflits est aujourd’hui observée de tous. Il est loin le temps où, en 1931, les Kanaks étaient exposés comme des bêtes de foire à l’exposition coloniale de Paris. Aujourd’hui ils sont entendus et respectés en tant que citoyen. Les explications de Joseph Goromido, maire de Koné, dans la province Nord.
«Lorsqu’il y a un conflit ou des tensions, il faut toujours se retrouver dans la case pour discuter. Et il faut prendre le temps nécessaire: une heure, un jour, une semaine, une année… Alors bien sûr il y aura toujours, ceux qui ne seront pas d’accord mais on arrive toujours à un consensus et à une parole donnée. En sortant de la case, cette parole devient sacrée et chacun la respecte et la partage. C’est cela être kanak et être citoyen.
Certains disent que nous sommes un modèle de résolution des conflits. Mais nous sommes modestes. Nous disons que les civilisations présentes dans le monde entier ont toutes quelque chose à apporter. Nous apportons cette manière d’être et de faire que nous pratiquons depuis 3000 ans et qui nous a permis d’arriver à ce référendum sur l’indépendance par la voie pacifique.
En Nouvelle Calédonie, il y a d’autres peuples: les Polynésiens, les Wallisiens… qui partagent déjà cette philosophie de la vie. Je pense que les autres peuples peuvent prendre exemple sur nous et s’en inspirer. Nous aussi, nous nous sommes inspirés d’ailleurs, en particulier de l’Afrique du Sud et de la manière dont Nelson Mandela et Frédéric de Klerk ont mis fin à l’apartheid.
Aujourd’hui nous essayons de participer au concert des peuples. C’est notre apport au développement de l’Humanité».
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