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Libération
En librairie ou en kiosque

Abyssinie et autres beaux récits

Carnets de voyagedossier
Encore quelques cadeaux à faire pour Noël? Sélection de livres à ne pas rater.
Image extraite de Abyssinie de Joël Alessandra.
publié le 18 décembre 2017 à 17h54

Comme chaque année, Noël approchant, on regarde avec tristesse la grande pile de livres reçus qu’on n’a pas eu le temps de chroniquer alors que toute évidence ils le méritent… Brève séance de rattrapage (avec nos excuses aux auteurs).

Le port de la Mer de glace

Vingt ans après sa sortie en librairie, les éditions Paulsen-Guerin rééditent en version collector, illustrée par les dessins de l’auteur, ce livre culte décrit à l’époque comme le «meilleur livre de marine sur la montagne». On y retrouve l’Amiral, patron alcoolisé et philosophe du bar de la Mer de glace, Fernando le boulanger, son chien Serpillère et le narrateur partant à l’assaut des Drus par la face Nord pour retrouver un ami perdu en montagne et dans sa tête. Une saga loufoque à la gloire du rouge, du blanc, du rhum et de tout ce qui peut se boire (eau et neige excepté). Une belle tranche de rire et de non-sens rabelaisien. Une suite de l’épopée, «Trois coqs sur la banquise», est sortie en septembre 2017.

Le port de la Mer de glace, de Dominique Potard. Edition Guérin - Paulsen, couverture toilée, 25 euros.

Rouge Himba

Quand une passionnée de l’Afrique, écrivaine et cinéaste ayant vécu plusieurs années chez les Himbas au nord de la Namibie - se faisant même adopter par une famille indigène - rencontre un dessinateur pour partager avec lui un nouveau voyage, le mélange coloré donne Rouge Himba. L’ouvrage passionnant est difficile à classer: traité d’ethnologie, récit de voyage, BD… C’est avant tout un «carnet d’amitié» entre Solenn Bardet - qui a amené dans son sac son mari et son bébé de quelques mois pour le présenter à sa famille africaine - et un peuple attachant, croqué avec humour, tendresse et sens du détail par le dessinateur Simon Hureau.

Rouge Himba, de Solenn Bardet et Simon Hureau. La Boîte à Bulles, 35 euros.

Aux sources du Nil

Après des années passées à sillonner la Chine, encre et pinceaux à la main, avec à la clé les superbes

Carnet de Chine

(Elytis, 2014) ou

Shanghai Promenades

(HongFei, 2016) Nicolas Jolivot est parti à la découverte d’un nouveau continent. Son choix s’est arrêté sur de l’Afrique. Plus qu’un pays ou une région, c’est une histoire nourrie de lectures, de gravures et de mythes qui a retenu son attention : celle des sources du Nil. Un fleuve ou plutôt deux car le Nil naît simultanément en Ouganda (Nil blanc) et en Ethiopie (Nil bleu). Une naissance gémellaire mais des dizaines de rencontres et paysages débordants de vie.

Aux sources du Nil, Carnet de voyage en Ouganda et en Ethiopie, de Nicolas Jolivot. 35 euros.

Abyssinie

Joël Alessandra connaît ses classiques. Cet amoureux des voyages, de l’Afrique qu’il connaît par cœur, et du dessin à l’aquarelle est retourné en Ethiopie, trois ans après

, sur les traces de Rimbaud, Thesiger, Kessel et Monfreid.

Son héros, mal dans sa peau, décide en effet un matin de prendre le large suivant le (discutable) précepte de Blaise Cendrars: «quand tu aimes, il faut partir». On s’en réjouit toutefois car suivent plus de 100 pages d’itinérances à travers la corne de l’Afrique, à Lalibela la Jérusalem noire, Godar le «Camelot» de l’Afrique, le lac Tana, source du Nil bleu, Addis Abeba, Dire Daoua ou Tadjoura… Croquis, lettre à l’absente restée en France, grandes planches dessinées et flash-back avec les textes des écrivains ayant précédé Joël Alessandra sur ces terres de légendes alternent avec les photos de l’auteur (une première dans ses ouvrages).

Abyssinie, une traversée dessinée, de Joël Alessandra. Edition Paulsen 24,90 euros.

Et puis aussi...

Voyage au cœur de l’IA

Smartphones, voitures sans chauffeur, drones ou joueurs de go… Alors que les algorithmes rythment désormais notre vie quotidienne,

Libération 

et France Inter publient un hors-série sur le thème de l’intelligence artificielle, dont la Une et les ouvertures de chapitre ont été confiées au dessinateur Enki Bilal.

Quel sera l’impact de l’IA sur le travail, la santé, les transports, les loisirs ou les libertés publiques… Va-t-on vers un futur sans âme dominé par des machines ou l’homme saura-t-il tirer le meilleur de ces nouveaux outils?

A travers des reportages aux Etats-Unis ou en Europe, des enquêtes et interviews, la rédaction de Libération et Mathieu Vidard de France Inter vous proposent un voyage complet au cœur de l'IA. Cédric Villani, Enki Bilal, Yann LeCun, la présidente de la Cnil Isabelle Falque-Pierrotin, des chercheurs, sociologues et artistes viennent enrichir de leur réflexion le travail de nos journalistes.

Voyage au cœur de l'IA, 108 pages, 10 euros. En vente en kiosque à partir du mercredi 20 décembre.

Visages d'ailleurs

«Voyager sans rencontrer l’autre, ce n’est pas voyager, c’est se déplacer.»

Cette citation d’Alexandra David Neel pourrait servir d’exergue à notre concours sur le thème du voyage qui fête cette année ses dix ans. Dix ans de voyages au long cours; des confins de Andes aux faubourgs de Bombay, en passant par Dharamsala, la N 118 ou Créteil… Dix ans de voyages, et des centaines de reportages sous forme de nouvelles, dessins, photos ou carnets sonores, dont un grand nombre publiés (l’été en der du journal) ou mis en ligne sur le site LibéVoyages.

Cela fait une décennie en effet que Libération et l’Apaj (l’Association pour l’aide aux jeunes auteurs parrainée par Erik Orsenna) se sont associés pour donner la parole à une génération curieuse et nomade (le concours est réservé aux moins de trente ans), maniant avec la même aisance la plume et le tweet, le pinceau et Instagram, Soundcloud ou les cahiers à spirale glissés au fond d’un sac crasseux…

Bluffés par la qualité de ces textes et dessins, nous avions décidé il y a quatre ans de les publier dans un premier ouvrage, Portraits d'ailleurscarnet de 22 jeunes voyageurs, paru aux éditions Riveneuve. Cette année, l'aventure se poursuit chez le même éditeur avec un second tome Visages d'ailleurs qui sort ce week-end en librairie.Nous avons repris les mêmes principes: un mélange de textes et dessins accompagnés de biographies de leurs auteurs - auteures devrait-on écrire, car les filles y sont (pour une fois) surreprésentées. Au finale, un livre de portraits et d'émotion qui fait toujours la part belle aux destinations lointaines (Australie, Chine ou Inde…) mais s'attache également aux rencontres d'un soir, dans un bar, un couloir ou une gare. Pas de doute, nos jeunes globe-trotters ont retenu la leçon d'Alexandra David Neel.

Visages d'ailleurs, collectif. Riveneuve éditions, 15 euros.