
C’est avec ces mots que Samian, le premier rappeur algonquin, nous accueille dans sa loge de la Maison de la philharmonie à Montréal, à quelques heures de la première de sa création
La Terre a des maux.
Un hommage à la Terre mère où il prête sa voix aux quatre éléments de la nature: la terre, le feu, l’eau et l’air pour
«réveiller les consciences car je suis en enfant de la Terre, un sauvage et un homme libre et je me dois d’alerter l’opinion et de dire la vérité».
Mais pour en arriver là, Samian a dû se battre et s'imposer. Né dans la communauté algonquine de Pikogan, à 700 kilomètres au nord de Montréal, il a très vite senti cette discrimination dont sont victimes les premières nations. «Faut pas être un génie en mathématiques pour comprendre que le génocide au Québec est toujours actif à l'heure où on se parle […] Il y a des gens qui ignorent à quel point la «loi sur les Indiens» a des répercussions dans les communautés. C'est une des lois les plus discriminatoires, c'est une des lois qui fait que moi, je ne suis même pas dans mon propre pays. C'est une honte nationale, c'est la tache noire de notre pays».
Aujourd'hui Samian, comme cette nouvelle génération d'artistes amérindiens, prend la parole pour crier son existence. Ses textes, ses poésies parlent de la réalité des Amérindiens : de leur précarité, de l'alcool, de la drogue; de la violence et de toutes ses blessures qui ont été tues durant des siècles. «Des blessures que je porte en moi».
En 2016, il a reçu le prix de l'artiste pour la paix et entre deux albums, il se rend par devoir dans les lycées pour rencontrer les élèves qui «souvent ne connaissent rien aux Amérindiens. Ce travail d'éducation, je le fais car personne ne s'en charge. Mais il faudrait surtout réécrire notre histoire nationale et parler de nous d'une belle façon».
Finalement Samian, le révolté, le rebelle avec ses tatouages de guerriers dans le cou est un homme d'espoir et il cite souvent Mandela ou Gandhi. Avant de nous confier : «soyons le changement et non plus les victimes».
«Voyage en Terre Indigène» diffusé le vendredi à 17 heures sur France Inter et à réécouter sur www.franceinter.fr